Des odeurs "pestilentielles": à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), le plus gros méthaniseur de France, mis en service par TotalEnergies en janvier, excède les riverains et une cinquantaine de personnes ont manifesté leur "ras-le-bol" jeudi devant l'usine de production de biogaz, en demandant au groupe d'agir.
Le géant français de l'énergie assure qu'il "trouvera des solutions" et la direction du site reconnaît un problème "lié au stockage des déchets végétaux": les feuilles de maïs.
Sur son site de trois hectares goudronnés, baptisé BioBéarn, TotalEnergies récupère en grande majorité des déchets issus de l'agriculture, d'origine animale ou végétale, mais aussi des boues de stations d'épuration ou des biodéchets ménagers.
"Cela a été invivable tout l'été, l'odeur est tellement pestilentielle que vous ne pouvez même pas rester dehors", a témoigné Michelle Marszalck, qui vit à 500 mètres du site.
L'origine du problème "ne vient pas du processus de méthanisation", a affirmé Alban Stansfeld, directeur des opérations pour TotalEnergies, mais de l'emploi d'un maïs "frais et avec beaucoup de jus qui a généré plus d'odeurs que d'habitude". Ce tas de broyat, recouvert d'une bâche, est situé à l'extérieur des bâtiments.
Entre juillet et septembre, des riverains ont effectué une centaine de signalements. L'entreprise souligne que la chaleur et le vent ont été "défavorables". "Mais c'est à nous de nous adapter à ces conditions", a reconnu Alban Stansfeld, qui admet que le "voyage des odeurs" n'a pas été suffisamment appréhendé par le groupe qui "est dans l'apprentissage de la maîtrise".
Des travaux seront engagés "au printemps" pour recevoir un maïs "mieux pressé et avec moins de jus" et "optimiser les canalisations", a annoncé le responsable. Un bâchage plus adapté est aussi prévu l'été prochain.
"Pour l'instant, il n'y a rien eu de concret qui nous amène à être optimiste", a déploré Jean-Claude Bergé, président de l'association AEPS, à l'origine du rassemblement.
Mi-octobre, l'opposition municipale de Mourenx a réclamé au préfet une étude "quantitative et qualitative" des odeurs et un "plan" pour réduire "ces phénomènes de puanteur".
Plus largement, à l'échelle du bassin de Lacq, un Observatoire des odeurs, piloté par l'organisme Atmo Nouvelle-Aquitaine, permet de signaler les nuisances et d'éventuels dysfonctionnements. Selon sa référente, Sarah Le Bail, les signalements relatifs à "l'odeur de fermentation" ont pris une ampleur inédite cette année.
Induslacq, une association d'industriels, émet des bulletins bimensuels d'information sur le sujet. "Un outil essentiel pour continuer à progresser", a souligné Yves Le Borgne, l'un de ses membres.
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