La pollution "classique", par les eaux usées des villes et des industries, a considérablement diminué depuis les années 1980 en Méditerranée française, s'est félicitée jeudi l'Agence de l'eau, qui appelle à faire davantage contre les polluants "émergents".
"Dans les années 1970 à 1980, la Méditerranée était considérée comme une mer qui se mourait. Elle était étouffée par les rejets polluants. Cette pollution est aujourd'hui beaucoup moins présente", a expliqué à l'AFP le directeur général pour le Rhône, la Méditerranée et la Corse de cet établissement public, Laurent Roy.
Depuis, de nombreux efforts ont été faits, avec le soutien de l'Agence de l'eau: de 15 stations d'épuration sur le littoral méditerranéen, la France est passée à 250 aujourd'hui, a souligné M. Roy.
Grâce à ces efforts, la pollution organique ou chimique a nettement baissé: division par 20 des taux d'ammonium ou par 10 des taux de phosphore. "88 % des eaux côtières sont en bon état chimique, et 84 % sont en bon état écologique" selon l'Agence, qui souligne toutefois les "défis" qui restent à relever.
Parmi eux, l'adaptation au réchauffement climatique ou les "nouveaux polluants" comme les micro plastiques, les phtalates qui empoisonnent les mammifères marins, et les perturbateurs endocriniens, rejetés en quantités de plus en plus importantes et que les stations d'épuration ne parviennent souvent pas à éliminer.
Parmi les points noirs qui subsistent, l'habitat marin est fortement altéré sur la Côte d'Azur, entre Cannes et l'Italie, en raison de l'urbanisation et de l'artificialisation, comme à Porto Vecchio et autour du goulet de Bonifacio en Corse.
Une pollution au mercure héritée d'anciennes industries persiste dans la rade de Toulon et à Fos-sur-Mer, tandis que des sédiments toxiques ou des pesticides se déversent, notamment depuis les cours d'eau, dans la rade de Marseille et à l'embouchure de l'Aude, du Var et du Rhône. Les peintures antisalissures des bateaux polluent l'eau sur plusieurs sites, et la destruction des herbiers de posidonie par les ancres des plaisanciers est en certains endroits préoccupante.
L'Agence de l'eau consacrera sur les six prochaines années 100 millions d'euros par an à la Méditerranée, un montant stable malgré des ressources, issues d'une taxe sur l'eau, en recul.