La pétition contre la loi Duplomb franchit les 1,5 million de signatures

La pétition lancée par une étudiante contre la loi Duplomb continue lundi de battre tous les records sur le site de l'Assemblée: plus de 1,5 million de personnes l'ont à ce stade signée, un mouvement de protestation citoyenne qui relance le débat sur ce texte très contesté.

Onze jours après son dépôt, le rythme des nouvelles signatures, qui s'est considérablement accéléré ces cinq derniers jours, ne faiblit pas pour demander l'abrogation de la loi.

Il est possible de déposer des pétitions sur le site du Palais Bourbon depuis 2019, mais jusqu'à présent la plupart n'avaient recueilli que quelques dizaines ou centaines de signatures, jamais plus de 260.000.

Le texte d'Eleonore Pattery, 23 ans, reste abondamment relayé sur les réseaux sociaux par des ONG, des groupes politiques mais aussi des personnalités comme l'acteur Pierre Niney, le musicien Julien Doré ou l'influenceuse EnjoyPhoenix.

La réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France depuis 2018, cristallise une grande partie du mécontentement.

Des signataires mettent en garde, comme les apiculteurs, contre "un tueur d'abeilles" et s'inquiètent aussi des effets sur l'être humain.

Mais ce produit est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale, vu qu'il est autorisé, à l'échelle européenne, jusqu'en 2033.

Le fait que la pétition ait franchi, samedi, le seuil des 500.000 signataires autorise la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale, qui réunit les présidents des groupes parlementaires et des commissions, à organiser un débat dans l'hémicycle.

Il ne permettra pas un réexamen du texte, ni son éventuelle abrogation.

Mais, face à la mobilisation citoyenne, de plus en plus de voix le réclament, même parmi les partisans de la loi.

La ministre de l'Agriculture Annie Genevard a assuré que le gouvernement était "pleinement disponible" pour y participer et la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), s'est dite "favorable" à son organisation.

Tout comme Marine Le Pen, qui a voté pour la loi, mais estime que "seul un débat démocratique" peut restaurer "la confiance" des citoyens face aux "mensonges" accompagnant, selon elle, la pétition.

Le président de Renaissance Gabriel Attal et la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher préconisent, eux, que le gouvernement saisisse l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin qu'elle donne son avis.

Enfin, plusieurs voix à gauche exhortent Emmanuel Macron à demander au Parlement une deuxième délibération sur la loi, ce qui retarderait sa promulgation.