Plus de la moitié des vêtements dans nos placards restent inutilisés, rapporte mercredi l'Ademe dans une étude observant les habitudes de consommation de textile des Français, "perturbées" par l'essor des offres à bas prix, ultra fast fashion et seconde main.
De janvier 2024 à février 2025, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et l'Observatoire des consommations émergentes (Obsoco) ont interrogé un échantillon représentatif de 4.000 personnes et ouvert les penderies d'une quarantaine d'entre eux.
Parmi ces "stocks dormants" dans les armoires françaises, quelque 120 millions de pièces neuves.
Or "seulement un tiers des consommateurs considère qu'il a trop de vêtements", note Pierre Galio, chef du service consommation responsable de l'Ademe, en conférence de presse.
D'après l'éco-organisme Refashion, 42 articles d'habillement neufs ont rejoint en moyenne le placard de chaque Français, en 2024 soit un de plus qu'en 2023, avec un record de 3,5 milliards de pièces textiles (vêtements, chaussures, linge de maison).
L'étude de l'Ademe relève que les achats de vêtements finalement pas ou très peu portés sont plus fréquents "chez les adeptes de plateformes d'ultra fast fashion".
"Les achats y vont plus vite, poussés par les sirènes de la publicité ou du marketing", dans lesquelles ces entreprises dépensent d'importantes sommes, poursuit M. Galio.
L'étude distingue les enseignes de "fast fashion première génération" comme H&M, Zara ou Primark où s'approvisionnent 45% des Français, et d'"ultra fast fashion", distribuée "exclusivement en ligne sur des plateformes telles que Shein, Temu, Asos, ou encore Boohoo" qui touche 24% des consommateurs, au profil plus marqué.
En effet, 70% sont des femmes, plutôt jeunes, avec une surreprésentation de ménages relativement modestes, se trouvant partout en France, et légèrement surreprésentées dans les communes rurales.
"Les concitoyens ont conscience que l'ultra fast fashion ne propose pas spécialement de vêtements de bonne qualité" mais avec ses prix bas et un très large choix de produits, elle "est à l'origine d'une hausse des volumes de vêtements consommés", commente M. Galio.
Sur les plateformes de seconde main, Vinted en tête, les produits revendus sont souvent "loin d'avoir vécu une première vie complète": 55% des paires de chaussures ont été utilisées moins de 5 fois, estime l'Ademe.
"De nouveaux acteurs sont venus perturber le comportement des consommateurs et les équilibres économiques" du marché textile, observe Baptiste Perrissin Fabert, directeur général de l'Ademe, lors de la rencontre avec la presse.
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