La France traverse une troisième canicule estivale sur fond de sécheresse record

Un troisième épisode de canicule estivale a débuté lundi dans le sud-est de la France et devrait s'étendre à la majeure partie du pays, toujours en proie à une sécheresse historique après avoir connu son mois de juillet le moins pluvieux jamais enregistré.

Avec 9,7 millimètres de précipitations agrégées en France métropolitaine, juillet 2022 se place juste derrière le minima de 7,8 mm de mars 1961. C'est aussi nettement plus aride que le précédent mois de juillet le plus sec, en 2020 (16,7 mm), selon Météo-France, dont les premiers relevés remontent à août 1958.

La sécheresse et la répétition rapprochée de ces vagues de chaleurs, directement imputées par le consensus scientifique au changement climatique, ont sévèrement fait chuter les débits des cours d'eaux dans de nombreuses régions.

Le couperet est tombé pour Pierre Capiez, gérant d'une société de location de canoë-kayak dans la Drôme, qui a dû fermer temporairement son activité: "Ça fait quinze jours qu'on espérait qu'il pleuve, mais là ça devenait ridicule pour les touristes et dangereux pour l'environnement", abîmé par le passage des gens obligés de débarquer aux points de passage trop difficiles.

En Auvergne-Rhône-Alpes, à cause de l'étiage bas des cours d'eau, les loueurs de canoë-kayak rapportent une perte de 35% de chiffre d'affaires, selon leur Fédération nationale professionnelle.

A Gérardmer (Vosges), le lac a baissé de 20 cm cette année, du jamais-vu pour Jean-Luc Gehin, responsable accueil à l'Office du tourisme, joint par l'AFP: "Le niveau baisse de 3 cm par jour, c'est inquiétant", même s'il n'y a pour le moment "pas de pénurie d'eau". Les bateliers, décrit-il, voient leurs embarcations s'éloigner des pontons fixes et envisagent déjà des pontons flottants.

Dans les Hautes-Alpes, le très faible niveau d'eau du lac de barrage de Serre-Ponçon, attraction touristique de la région, a entraîné la fermeture au public de plusieurs points de baignade depuis la mi-juillet.

- Pic de chaleur mercredi -

Concernant le nouvel épisode caniculaire, son "intensité et (sa) durée seront moindres que celles de l'épisode précédent" quelques jours plus tôt, a répété Météo-France dans son bulletin lundi.

Quatre départements du Sud-Est (Ardèche, Drôme, Gard et Vaucluse) et les Pyrénées-Orientales restent placés en vigilance orange par Météo-France, qui a étendu pour mardi son niveau d'alerte jaune à 50 autres départements au sud d'une ligne allant de la Charente-Maritime jusqu'à l'Alsace.

Le pic de chaleur est attendu mercredi à l'échelle de la France métropolitaine, "avec des maximales souvent supérieures ou égales à 35°C et des pointes à 39 ou 40 degrés sur le Sud-Ouest".

Ce pic devrait cependant être "bref dans de nombreux départements", selon Steven Testelin, prévisionniste à Météo- France, et de l'air moins chaud pourrait arriver jeudi par le nord-ouest.

Au sud de Nîmes (Gard), attisé par le Mistral et la Tramontane, un incendie a détruit 370 hectares de pinède dimanche soir, avant d'être fixé dans la nuit. Quatre pompiers ont été blessés dont un gravement, brûlé aux mains et au visage.

Et l'incendie qui a débuté dimanche en fin de journée sur la commune forestière de Mano (Landes) à la frontière avec la Gironde, "ne progresse plus" après avoir parcouru une zone de 300 hectares, selon le dernier bilan de la préfecture des Landes.

Cette multiplication d'épisodes de fortes chaleurs est une conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre (liées à la production d'énergie, aux transports, à l'industrie) augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

- 57 départements en crise sécheresse -

A différents niveaux, 93 des 96 départements de métropole connaissaient lundi des alertes sécheresse, synonymes de restrictions d'usage d'eau, a rappelé lundi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, en visite dans l'Isère.

Seuls les départements des Hauts-de-Seine, de Paris et de la Seine-Saint-Denis ne sont pas concernés à ce stade par ces restrictions, qui ont été localement portées au niveau maximal de crise dans 57 préfectures, selon le site de l'information sécheresse du gouvernement, Propluvia.

L'Europe occidentale a fait face en juillet à une sécheresse historique et à deux vagues de chaleur en à peine un mois, au cours desquelles se sont déclenchés des feux de forêt ravageurs comme en Gironde ou désormais en Grèce.

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