La France rate de peu son objectif climatique faute d'absorption suffisante des forêts et des sols

La France manque de peu son budget carbone pour la période 2019-2023 en raison d'une absorption insuffisante de carbone par les forêts et les sols, malgré l'accélération de la baisse des rejets de gaz à effet de serre dans son économie, a annoncé jeudi l'organisme Citepa.

En incluant les puits de carbone (forêts et sols) fragilisés par les effets du changement climatique, "le budget carbone 2019-2023 n'est pas respecté (moyenne observée de 380 Mt contre un objectif de 379 Mt, soit un dépassement de 1,4 Mt)", indique l'organisme chargé de l'inventaire des gaz à effet de serre français dans ses chiffres définitifs, en millions de tonnes (Mt) d'équivalent CO2.

Les gaz à effet de serre émis par l'activité humaine en France ont baissé dans quasiment tous les secteurs de l'économie (agriculture, transports, industrie ...), reculant de 5,8% en France en 2023 par rapport à 2022, a confirmé le Citepa après l'annonce faite mercredi par Gabriel Attal.

Mais ces performances de décarbonation ne sont pas suffisantes pour tenir l'objectif climatique de la France, fixée par sa feuille de route, appelée la Stratégie nationale bas carbone (SNBC).

En cause, une performance moindre qu'attendu de la séquestration du CO2 dans la biomasse et les sols. Avec la photosynthèse, les arbres stockent naturellement le carbone de l'air (CO2) dans leurs branches et leurs racines, mais les volumes de carbone stocké n'ont pas été à la hauteur des prévisions: la stratégie 2019-2023 prévoyait d'atteindre un puits de carbone entre -40 et -45 Mt à horizon 2030.

Mais ce dernier "s'est considérablement réduit pour atteindre environ -20 Mt CO2 dans les années récentes, notamment en raison de l'effet couplé de sécheresses à répétition depuis 2015, de maladies affectant le taux de mortalité des arbres, et d'une hausse des récoltes de bois".

"Cette diminution du puits implique un effort encore plus conséquent sur les autres secteurs afin de parvenir à la neutralité carbone", souligne le Citepa.

"Si nous ne pouvons pas agir sur la mortalité des arbres, ni sur leur croissance qui est moins forte à cause des sécheresses, la dégradation du puits de carbone est aussi un choix politique puisque le gouvernement s'entête à vouloir augmenter la récolte de bois alors que tous les signaux sont au rouge", a réagi auprès de l'AFP Sylvain Angerand de l'association Canopée

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