La France compte encore quatre centrales à charbon, qui jouent un rôle relativement mineur dans la production d'électricité du pays mais représentent un enjeu social et environnemental important.
EDF exploite encore deux centrales à charbon: celle de Cordemais en Loire-Atlantique (qui compte deux tranches) et celle du Havre en Seine-Maritime.
Les deux autres appartiennent au groupe d'énergie allemand Uniper: Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône et Saint-Avold en Moselle. EPH, aux mains du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, négocie leur rachat depuis la fin de l'année dernière.
Au total, le charbon représente en France presque 3 GW de puissance installée, soit 2,3% de l'ensemble du parc de production d'électricité à fin 2018, selon les chiffres de RTE.
Mais le charbon a produit l'an dernier 5,8 TWh, l'équivalent de seulement 1,1% de la production électrique française (qui est largement dominée par le nucléaire). C'est 40% de moins qu'en 2017, selon RTE.
C'est grâce à ce moindre recours au charbon, très polluant, mais aussi au fioul et au gaz, que les émissions de CO2 du système électrique ont chuté de 28% l'an dernier.
Ces émissions ont ainsi représenté 20,4 millions de tonnes l'an dernier, dont 5,6 millions de tonnes pour le seul charbon (et 12 millions pour le gaz), selon RTE. C'est le charbon qui émet le plus de CO2 par MWh produit comparé à d'autres moyens comme le fioul ou le gaz.
Même si le charbon joue un rôle marginal dans la production d'électricité française, EDF comme Uniper défendent l'utilité de ces moyens facilement mobilisables, notamment pendant les pics de consommation hivernaux.
"Quand il fait très froid, que faire s'il n'est plus possible d'utiliser les centrales à charbon - en particulier en Bretagne, le site de Cordemais étant le principal site d'alimentation en électricité de cette région ?", s'interrogeait au printemps dernier le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy devant des parlementaires.
Les inquiétudes sont aussi sociales: le gouvernement décompte un peu plus de 670 emplois directs et 740 indirects sur les quatre sites.
La CGT avance jusqu'à 5.000 emplois concernés au total - un chiffre qui compte salariés directs, prestataires permanents et employés à la logistique du charbon dans les ports.
Le gouvernement a promis un "projet de territoire" pour accompagner les quatre sites qui devraient être fermés. Ces projets doivent s'inspirer de celui en cours d'élaboration pour la centrale nucléaire de Fessenheim, promise à la fermeture dès 2020.
Pour sauver son site de Cordemais au-delà de 2022 - date théorique de fermeture de toutes les centrales - EDF y développe un projet de reconversion à la biomasse. Le site n'utiliserait ainsi que 20% de charbon.
Le gouvernement n'a pas fermé la porte à cette reconversion. Son projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit ainsi "d'arrêter les dernières centrales électriques fonctionnant exclusivement au charbon d'ici 2022 ou d'accompagner leur évolution vers des solutions moins carbonées".
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