La fille de l'architecte du théâtre national de Nice s'oppose à sa destruction

La fille de l'architecte du théâtre national de Nice (TNN) s'oppose au projet du maire LR Christian Estrosi de raser le bâtiment pour créer une "forêt urbaine", dénonçant une "atteinte au droit moral" face à "l'intérêt public" avancé par la mairie.

"Bien sûr, rien n'est éternel, mais c'est une oeuvre assez récente et il y a des façons de faire!", proteste Martine Bayard, 58 ans, seule ayant-droit d'Yves Bayard, un architecte de renommée internationale décédé en 2008 après de nombreuses réalisations sur la Côte d'Azur.

Nice lui doit notamment la première et unique sculpture monumentale habitée, "La Tête carrée", un cube dont l'une des façades forme un visage inspiré d'un modèle de son ami sculpteur Sacha Sosno. Elle abrite les bureaux de la bibliothèque municipale.

Parisienne, Mme Bayard, qui dit avoir été informée par la presse, a écrit fin mars à la municipalité. "La suggestion de la mairie est de trouver un accord, mais je ne vois pas comment trouver un accord, hormis de ne pas supprimer le bâtiment", dit-elle en espérant "un miracle" et en affirmant vouloir "éviter un bras de fer": "On ne peut pas détruire un bâtiment comme ça pour y faire passer de la pelouse!"

Pour la mairie, "le droit au respect de l'intégrité d'une oeuvre architecturale n'est pas intangible et absolu" et "un ouvrage public peut évoluer ou être démoli en raison de l'intérêt public". La ville affirme démontrer son attachement à l'oeuvre d'Yves Bayard en conservant "la partie centrale et significative" qu'est le bâtiment du Musée d'art moderne et contemporain (Mamac), "insuffisamment mis en valeur" actuellement.

Pour Mme Bayard, le bâtiment octogonal aux façades de marbre gris pourrait s'intégrer au projet de "forêt urbaine" par l'ajout de passerelles, prévues dès la conception de l'ensemble de la "Promenade des Arts" en 1988-1992: "Il y a une totale possibilité d'évolution du bâtiment", assure-t-elle.

M. Estrosi doit rencontrer "ces prochains jours" Mme Bayard, avec son adjoint au patrimoine et avocat Me Gérard Baudoux.

Annonce surprise de la campagne municipale 2020, le projet choc de M. Estrosi de prolonger la "coulée verte" sur huit hectares en rasant le TNN et le palais des congrès Acropolis est sur les rails depuis janvier, et l'appel d'offres a été lancé pour 75,6 millions d'euros, contre 33 millions annoncés avant le scrutin.

Initialement M. Estrosi avait également annoncé la démolition de deux hôtels, sans les prévenir, mais leurs baux emphytéotiques étant trop chers à résilier ils seront finalement intégrés au nouveau paysage.

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