La destruction des zones humides réévaluée à la baisse mais reste préoccupante

Le monde a perdu un peu plus de 20% de ses zones humides naturelles depuis 1700, selon une nouvelle étude publiée mercredi, qui revoit nettement à la baisse de précédentes estimations tout en soulignant la menace persistante qui pèse sur ces écosystèmes précieux.

"Découvrir que moins de zones humides ont été perdues que nous ne le pensions auparavant nous donne une seconde chance de prendre des mesures contre de nouveaux déclins", a souligné le co-auteur de l'étude Peter McIntyre, de l'Université américaine de Cornell.

Ces résultats, publiés dans la revue Nature, se basent sur des données issues de 154 pays, combinant 3.320 enregistrements internationaux et régionaux afin d'établir une "reconstitution historique inédite" des zones humides.

L'étude montre qu'entre 1700 et 2020, 21% des zones humides continentales (lacs, marais, tourbières ...) ont été détruites, soit environ 3,4 millions de kilomètres carrés et environ 2% de la surface terrestre de la planète.

De précédentes estimations avaient évalué jusqu'à 87% la perte de l'ensemble des zones humides au niveau mondial depuis 300 ans.

La Convention de Ramsar des Nations Unies, référence en matière de protection des zones humides, retient de son côté que 35% de ces zones -- au niveau continental mais aussi côtier (lagunes, delta, prés-salés...) -- ont disparu dans le monde entre 1970 et 2015.

Les zones humides sont des réservoirs de la biodiversité et jouent un rôle essentiel pour purifier l'eau, recharger les réserves souterraines et absorber nos émissions de gaz à effets de serre.

Mais elles figurent parmi les écosystèmes les plus menacés au monde: elles sont souvent drainées pour fournir de l'eau aux cultures de montagne, converties en rizières, inondées ou défrichées au profit des zones urbaines, de l'industrie forestière ou des pâturages. Sans compter le réchauffement climatique qui accélère leur assèchement.

Selon l'étude de Nature, les estimations plus élevées précédentes pourraient être le fruit d'extrapolations à partir des données mesurées dans les régions où les destructions des zones humides ont été les plus sévères.

A eux seuls, les États-Unis ont perdu 40% de leurs zones humides depuis 1700 et représentent plus de 15% des disparitions mondiales, précise l'étude.

L'Europe et la Chine ont également vu une large partie de leurs zones humides disparaître, principalement depuis le milieu du 20e siècle. Dans certaines régions, comme l'Indonésie, les destructions se poursuivent à un rythme soutenu, notamment au profit de l'agriculture intensive.

Nos résultats ne devraient pas "atténuer l'urgence de protéger et de restaurer les écosystèmes des zones humides", indiquent les auteurs, soulignant la nécessité d'avoir les "meilleures données possibles pour sauver ce que nous avons et savoir ce que nous avons perdu".

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