La colère grandit à Saint-Aignan, commune en bout de piste de l'actuel aéroport de Nantes

"Ça fait 50 ans qu'on nous promet son départ à Notre-Dame-des-Landes": à Saint-Aignan-Grandlieu, commune située en bout de piste de l'actuel aéroport de Nantes, la colère grandit parmi les riverains "excédés" par les nuisances sonores et "les décideurs qui ne décident pas".

Cartons pour "déménager" l'aéroport de Nantes-Atlantique, simulation d'un crash d'avion en plein coeur de Nantes: à l'initiative des dernières actions symboliques des pro-transfert, un collectif de "riverains en colère" souhaite faire du survol jour et nuit de la bourgade de 4.000 habitants un enjeu de santé et de sécurité publiques.

Seulement distant de 1,7 km du seuil de piste, le centre-bourg de Saint-Aignan, ses équipements municipaux, ses logements, ses commerces, son clocher et ses deux écoles primaires sont parfois survolés, en phase d'atterrissage, "à moins de 90 mètres d'altitude", avance le collectif.

"On n'en peut plus! La nuit notamment, c'est nous qui supportons tout, à la fois les décollages et les atterrissages, c'est un vrai cauchemar", s'indigne Lionel Biton, président de ce collectif créé début 2016.

"Au quotidien, cela a une incidence sur la concentration des enfants à l'école, sur la santé, le sommeil. Des gens sont sous cachets pour pouvoir dormir la nuit", affirme Sophie Rittiner, 46 ans, qui habite depuis onze ans "pile dans l'axe des atterrissages".

"L'été, si on veut respirer un peu, on ne peut pas ouvrir nos fenêtres à cause du bruit. La table de la terrasse, c'est tous les jours qu'il faut la nettoyer car elle noircit", décrit Pascale Destrumelle, née à Saint-Aignan il y a 64 ans et qui "depuis toute petite entend que l'aéroport va partir".

Installée depuis trois ans dans la commune "en connaissance de cause", Corinne, 34 ans, affirme elle s'être "vite habituée" aux avions survolant son jardin. "On s'inquiétait du bruit, mais jusque là ça ne nous a jamais dérangé. A Paris, les gens ont des balcons donnant sur la rue, c'est peut-être pire pour eux", relativise-t-elle, à la sortie de l'école Saint-Pierre, au centre du bourg.

- Commune 'oubliée' -

Derrière la colère de certains, la consultation locale organisée par François Hollande le 26 juin 2016, favorable au transfert mais non suivie d'effets. Saint-Aignan avait voté à 71,70% pour le transfert, un "oui" bien plus massif que chez sa voisine Bouguenais (50,65%), qui abrite la plateforme aéroportuaire.

"Tout a été signé, mais ce sont les zadistes, quelques illuminés, qui bloquent le projet. On s'est mobilisé, on a voté, mais ni la démocratie, ni la justice ne sont respectés", s'emporte Pascale Destrumelle.

"La réalité de ce que nous vivons depuis un an, c'est une augmentation importante du nombre de mouvements d'avions, plus de 50.000, et du trafic, qui vient d'atteindre cinq millions de passagers annuels", avec dix ans d'avance sur les prévisions, souligne le maire divers gauche de la commune, Jean-Claude Lemasson.

"On finit par avoir une position de riverains de plus en plus virulente envers les décideurs qui ne décident pas et qui attendent beaucoup du président Macron", poursuit l'édile.

Mais M. Lemasson craint que sa commune, "qui n'existe pas sur les cartes de navigation", soit également "oubliée" du rapport de la mission de médiation gouvernementale.

Il a donc saisi le Premier ministre le 14 novembre, au lendemain d'une délibération à l'unanimité en conseil municipal, lui enjoignant d'adopter un plan de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE), en application d'une directive européenne de 2002 qui le rend obligatoire quand le trafic dépasse les 50.000 mouvements annuels.

Sa mise en place permettrait d'instaurer un couvre-feu, comme à Orly, mais aussi "une limitation du trafic aux seules capacités actuelles" et toute une série de "mesures de protection des riverains en attendant le transfert" à Notre-Dame-des-Landes, "au plus tôt en 2023", insiste Jean-Claude Lemasson. Faute de réponse dans les deux mois, il promet d'attaquer l'Etat devant le Conseil d'Etat.

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