La "colère" des "gilets jaunes" relayée de nouveau à l'Assemblée

La "colère" des "gilets jaunes" et les critiques d'un "matraquage fiscal" ont été abondamment relayées par les oppositions lundi à l'Assemblée nationale, lors de la nouvelle lecture du projet de budget rectificatif pour 2018.

"Il y a une telle émotion dans le pays et on n'en tient aucun compte", a lancé Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, dont le groupe a défendu en vain deux motions préalables, demandant notamment de "rétablir l'ISF" (impôt de solidarité sur la fortune).

"Pour vos amis millionnaires vous avez supprimé l'ISF (...) C'est une promesse de campagne, pour la financer cette campagne", a accusé François Ruffin (LFI), s'adressant à Emmanuel Macron. "Qu'est-ce qui unit les +gilets jaunes+? Vous" qui "êtes aujourd'hui massivement haï", a lancé l'élu de la Somme.

Leur collègue Eric Coquerel a suggéré de recevoir une délégation des "gilets jaunes" à l'Assemblée.

Les communistes ont également soutenu le rétablissement de l'ISF. "L'injustice est le carburant de la colère", a abondé Jean-Paul Dufrègne (PCF).

Parmi les plus virulents, Sébastien Chenu (RN) a plaidé pour un "moratoire sur les hausses de taxes sur les carburants", qui serait selon lui "le cliquet d'entrée" pour un arrêt des manifestations.

"En demandant même jusqu'à la destitution du président Macron, les Français vous adressent un message clair", a-t-il aussi lancé, sous des protestations de la majorité.

A droite, Véronique Louwagie (LR) a jugé "urgent que le gouvernement réponde à ces fusées de détresse" alors que "le pouvoir d'achat baisse avec de profondes inégalités".

"Vous auriez pu rectifier les erreurs sur la trajectoire de la fiscalité carbone", a appuyé le président LR de la commission des Finances Eric Woerth.

"Il est toujours temps d'entendre le ras-le-bol fiscal (...) N'imposez pas la transition écologique, accompagnez la efficacement", a aussi plaidé Lise Magnier (UDI-Agir).

Les socialistes ont pour leur part demandé de ne pas "persévérer dans l'erreur et les orientations injustes".

"Soyez assurés de notre volonté à faire que l'argent public dépensé le soit efficacement et justement", a dit Bénédicte Peyrol (LREM) dans un message aux Français.

Les oppositions ont comme en première lecture pointé une réduction, via ce projet de loi, de 600 millions d'euros de TICPE (taxe sur les produits énergétiques) qui était fléchée vers un compte d'affectation spéciale "transition énergétique" (allant aux fournisseurs d'énergie). Le rapporteur Joël Giraud (LREM) a "regretté les exploitations politiciennes de ces ajustements techniques", se faisant chaque année.

Des députés ont par ailleurs contesté de nouveau la décision de Bercy de faire assumer au ministère des Armées l'intégralité du coût des opérations extérieures en 2018, le privant de centaines de millions d'euros de crédits.

Globalement, le projet de loi de finances rectificative (PLFR) prévoit une réduction de l'objectif de dépenses de l'État de 600 millions d'euros par rapport au budget initial 2018. Il ne comporte "aucune mesure fiscale, aucun décret d'avance", a rappelé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Ce "PLFR flash", selon l'expression du rapporteur, sera examiné une nouvelle fois mardi par le Sénat, puis adopté définitivement mercredi, par un ultime vote de l'Assemblée.