La centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique), actuellement à l'arrêt, était bloquée vendredi matin par la CGT, inquiète pour le devenir du projet de conversion de la centrale à la biomasse, a constaté une journaliste de l'AFP.
Une cinquantaine de salariés étaient présents tôt le matin sous des tonnelles, un feu bloquant l'accès à la centrale, selon la même source. Le syndicat avait déposé un préavis de grève le 15 janvier.
La CGT dénonce une position d'EDF "ambigüe sur le projet" de conversion.
"La publication de certains éléments (...) nous laisse à penser que l'entreprise détenue à 100% par l'Etat n'optimise pas, voire alourdit volontairement l'équation économique pour rendre le projet caduc", écrivait le 25 janvier la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet dans une lettre adressée à Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et, depuis le dernier remaniement, de l'Energie.
D'après Fabien Deschamps, délégué syndical CGT présent au blocage, le syndicat devrait rencontrer la direction d'EDF le 19 février et le ministre le 7 mars.
Pour lui, le coût du mégawatt "semble volontairement gonflé, nous empêchant d'être sur le réseau" pendant la vague de froid, quand l'autre centrale à charbon française encore en activité, à Saint-Avold (Moselle) a repris du service le 9 janvier.
"Devons-nous y voir une volonté de nuire à la centrale et à ses projets?", interroge Fabien Deschamps.
Après avoir annoncé l'abandon de Cordemais en juillet 2021, notamment en raison de son coût, EDF avait annoncé en mai 2022 relancer le projet de conversion de la centrale à la biomasse (des granulés prioritairement issus de déchets de bois).
Interrogé sur les craintes des salariés, l'énergéticien a répondu que la "décarbonation progressive" de Cordemais s'est déployée dès 2023, avec une utilisation allant jusqu'à "20% de biomasse en substitution du charbon".
"Une conversion totale à la biomasse d'ici 2027 nécessite de définir les modalités de régulation d'un tel fonctionnement", ajoute EDF, qui souligne que "plusieurs réunions de travail ont déjà eu lieu et les travaux se poursuivent", évoquant "une décision d'ici l'été 2024".
A terme, les pellets sont censés représenter 80% du combustible de la centrale, selon le projet de conversion Ecocombust. D'après EDF, ce procédé permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de ses installations de 71% par rapport à un fonctionnement 100% charbon, évitant l'émission de 400.000 tonnes de CO2 par an.
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