La boutique en ligne d'Emmaüs dénonce la "concurrence déloyale" d'Amazon

Un appel à l'aide face à Amazon et Shein: Label Emmaüs, boutique en ligne de seconde main, a dénoncé lundi la "concurrence déloyale" des géants du commerce en ligne, particulièrement sur le secteur du livre.

"Créée en 2016, la +marketplace+ solidaire souffre de plus en plus des pratiques commerciales des géants du numérique tels qu'Amazon", détaille dans un communiqué l'association, qui s'attaque aussi aux chinois Shein, Temu et AliExpress.

Sa directrice, Maud Sarda, attribue la méforme de Label Emmaüs à l'inflation et aux stratégies "délétères" des plateformes: publicité "incessante", "livraisons toujours plus rapides" et prix tirés vers le bas.

Pour sensibiliser, l'association lance sur les réseaux sociaux une campagne intitulée "Tous nos livres se valent", mettant côte à côte la biographie de l'Abbé Pierre, fondateur d'Emmaüs, et celle de Jeff Bezos, PDG du mastodonte américain.

Sur les premiers mois de 2024, les visites mensuelles de Label Emmaüs, qui revend vêtements, mobilier et livres donnés à l'association, ont chuté à 500.000, en recul de 20% par rapport à l'année précédente.

"Depuis un an ou deux, ça commence à être vraiment compliqué de survivre", déclare à l'AFP la cofondatrice de Label Emmaüs, qui appelle à davantage de régulation.

En mars, les députés ont adopté une proposition de loi pour rendre la fast-fashion - la mode éphémère- moins attractive, avec des pénalités financières et une interdiction de la publicité. Le Sénat doit encore se prononcer sur ce texte.

"Une belle piste", remarque Maud Sarda, qui demande néanmoins des lois pour "empêcher Shein de proposer 8.000 nouveaux produits par jour" ou "Amazon de proposer la livraison gratuite".

Celle-ci est interdite depuis octobre 2023 sur les achats de livres neufs qui coûtent en tout moins de 35 euros.

Label Emmaüs, qui tire un tiers de ses revenus de la revente de livres et en collecte plus de 20 millions par an, appelle aussi à "favoriser la circulation solidaire du livre au lieu de sa destruction".

Selon une étude du Syndicat national de l'édition, 14% des livres produits en France en 2022 sont détruits au lieu d'être vendus, une option moins coûteuse pour l'éditeur que le stockage.

"On propose d'orienter ces invendus vers toutes les grandes associations", ajoute Maud Sarda, qui suggère de reverser une partie des ventes réalisées pour payer les droits d'auteurs.

L'an dernier, Emmaüs s'était attaqué à la plateforme de revente en ligne Vinted, appelant les Français à donner leurs vêtements usagés plutôt que d'en tirer quelques euros sur Internet.

Poster un commentaire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.
Déjà membre ? Je me connecte.
Je ne suis pas encore membre, Je crée mon compte.