Le président du directoire de la Banque postale (LBP) Stéphane Dedeyan a estimé mercredi qu'un réchauffement climatique de +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle n'était plus possible, dans une table ronde organisée par Finance Innovation.
"On sait qu'on va être au-dessus d'1,5 degré, on le sait, on sait que la planète va être beaucoup plus chaude", a déclaré M. Dedeyan, en référence à un des objectifs de l'Accord de Paris de 2015.
L'alliance bancaire pour le climat (NZBA), dont LBP fait partie comme l'ensemble des grandes banques françaises, a d'ailleurs revu ce mois-ci ses ambitions en ce sens: elle a révisé à la baisse ses critères pour viser désormais une limitation du réchauffement "bien en-dessous de 2°" d'ici 2050.
La montée de la température "va faire prendre conscience à nos concitoyens qu'il y a un vrai risque si on ne combine pas l'atténuation et l'adaptation" au réchauffement climatique, a souligné M. Dedeyan.
Le risque principal brandi par le dirigeant est celui d'une perte de valeur de certains actifs, à commencer par les biens immobiliers.
"Que vaudra un appartement parisien au dernier étage d'un immeuble avec un toit en zinc quand les journées à plus de 50 degrés sont majoritaires au sein des mois de printemps et d'été?", a-t-il interrogé.
A ses côtés, le président du Crédit Mutuel Arkéa, qui rassemble notamment les caisses du Crédit Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest, a pris l'exemple des "prêts immobiliers dans le Morbihan pour de très belles maisons en risque de submersion marine à peu près à 100% dans 30 ans et qui se vendent à des prix jamais vus".
M. Carmona a par ailleurs défendu la CSRD, "probablement la règlementation la plus intelligente qu'on pouvait créer (...) dans le domaine de la mesure, de l'impact" des entreprises sur le changement climatique.
Cette directive européenne, dont l'application a été en partie décalée début avril par le Parlement européen, vise à harmoniser la publication de données socio-environnementales par les entreprises.
Le report "risque de nous emmener dans une logique (...) de dilution et finalement d'incertitude pour toutes les parties prenantes", a déploré M. Carmona.
Le président d'Arkéa a également milité pour un accompagnement de la transition climatique à l'échelon local et attentif à la justice sociale.
"Quitte à être caricatural, on va dire qu'on préfère financer des travaux d'isolation dans un pavillon qui coûte 150.000 euros que financer une Tesla", a-t-il lancé.
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