Julien Bayou va succéder à David Cormand comme secrétaire national d'EELV : après d'intenses tractations jusqu'à l'ultime minute, les écologistes se sont entendus sur un accord très large en vue du vote de confirmation, lors de leur congrès samedi à Saint-Denis.
L'identité du nouveau patron des Verts ne faisait guère de doute depuis deux semaines, la motion de Julien Bayou ayant largement devancé ses concurrentes le 16 novembre (42,9%, contre 26,2%, 21,6% et 8,5%) au premier tour.
Mais les représentants de ces trois dernières propositions d'équipe et d'orientation, l'ex-députée Eva Sas, l'ex-secrétaire national adjoint Alain Coulombel et le membre du bureau exécutif Philippe Stanisière, ont mis la pression sur Julien Bayou en se liguant pour négocier.
A la clé, la répartition des 15 postes de l'équipe dirigeante. Au final, seul Philippe Stanisière va représenter sa motion au vote des 400 délégués samedi après-midi, parce que le fait qu'il soit Francilien l'empêche de convenir au quota dans une seule motion édicté par les statuts du parti.
Selon l'accord trouvé, la motion A de Julien Bayou aura sept postes dans l'exécutif, dont celui de secrétaire national adjoint pour l'ex-porte-parole Sandra Regol, de responsable aux élections pour Bruno Bernard et de trésorier pour Thierry Brochot.
La motion d'Eva Sas, qui comptait plusieurs proches du chef de file Yannick Jadot, aura quatre postes - dont un des porte-parole pour Mme Sas- et celle de M. Coulombel (porte-parole aussi) trois. Et Philippe Stanisière devrait récolter suffisamment de suffrages pour se maintenir dans l'exécutif.
David Cormand aura donc réussi à passer la main à la personne de son choix, Julien Bayou, 39 ans, un activiste de longue date que les combats ont souvent porté à fréquenter des militants bien ancrés à gauche.
Mais Yannick Jadot s'est préservé, ne se prononçant officiellement pour aucune des motions, et restera l'homme fort d'EELV pour les prochaines échéances.
- Prises de bec -
Avec ce congrès néanmoins, le parti n'aura pas réussi à s'épargner les longues et difficiles tractations dont il est coutumier, contrairement à l'objectif de rassemblement que beaucoup de cadres et de militants avaient fixé dès leur succès aux élections européennes de mai (3e avec 13,5%).
L'accord a été trouvé au forceps quelques minutes avant le dépôt des listes à 13H00, après notamment une soirée houleuse, vendredi. "Il est 12H58, mais on s'est montrés responsables", avait soufflé Julien Bayou, soulagé, devant des journalistes.
"L'accord, c'est ce que nous proposions dès le 17 novembre, donc il y a le sentiment de +Tout ça pour ça+", a-t-il convenu. Tout en soulignant : "Il y a peu de mouvement qui jouent le jeu du vote des militants et sont aussi transparents".
Les partisans d'Eva Sas s'étaient quant à eux toujours montrés rassurants sur l'issue du congrès, preuve qu'une partie des négociations tenaient du théâtre et du rapport de forces.
"Je suis un peu déçu", mais "la progression d'un parti n'est jamais linéaire, il y a des phases de régression", a convenu David Cormand, interrogé sur les pratiques constatées depuis 15 jours. Il a relativisé : "A la grande époque (des divisions internes) il y aurait eu une contre-majorité".
Le parti peut désormais se projeter sur les municipales de mars, et le temps dira si les prises de bec des jours écoulés laisseront des traces. EELV ambitionne de remporter plusieurs grandes villes, s'avançant comme la principale force de gauche.