Après Chamonix en 1924, Grenoble en 1968 et Albertville en 1992, de nouveaux Jeux olympiques d'hiver dans les Alpes en 2030 ou en 2034? Au nord du massif comme au sud, certains en rêvent et pourraient se trouver en concurrence.
Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, a annoncé en présentant ses voeux en janvier que les Alpes du Sud visaient les Jeux d'hiver de 2034 ou 2038. "C'est une très ferme intention de ma part", a-t-il dit.
À l'automne, son homologue en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, avait pris les devants en évoquant, dans les colonnes du Dauphiné Libéré, "une candidature des Alpes, du Mont-Blanc au Vercors" pour 2030. "C'est un rêve mais on y réfléchit tous", déclarait-il alors.
Questionné depuis par l'AFP, M. Wauquiez n'a pas tenu à revenir sur le sujet. "On est encore dans une période de questionnement", indique à l'AFP Fabrice Pannekoucke, président de la commission montagne à la Région, alors que le Comité international olympique devrait désigner 2023 l'organisateur des JO-2030 avec deux dossiers qui se détachent déjà, Salt Lake City et Sapporo.
L'association "Mountain Wilderness" s'est pour sa part étonnée de ces deux annonces faites "coup sur coup, sans aucune consultation des acteurs de la montagne".
Le "modèle de méga-manifestation planétaire hivernale est obsolète" et il faut avant tout "repenser les Jeux d'hiver" pour éviter les "gaspillages énormes" et les "désastres environnementaux", souligne une tribune publiée la semaine dernière sur le site internet du magazine "Montagnes".
Pour ses partisans, le projet 2030 permettrait, précisément, d'accélérer la transition écologique de la montagne.
Sur cette ligne, l'exécutif de M. Wauquiez a fait voter, mi-octobre, un plan de 100 millions d'euros pour faire du territoire "la première montagne durable d'Europe". Un tiers du financement est cependant destiné à "sécuriser l'enneigement" des stations par des moyens artificiels: une ineptie à l'heure du réchauffement climatique, selon l'opposition régionale.
L'idée est aussi d'utiliser l'héritage des JO d'Albertville pour réduire la facture: "Vous pouvez organiser les Jeux d'hiver les moins chers de l'histoire en Savoie-Mont Blanc, parce que nous avons tout ce qu'il faut", estime Jean-Claude Killy, co-président du comité d'organisation en 1992.
"On n'est pas obligés d'être dans la démesure comme à Sotchi", ville-hôte des Jeux d'hiver en 2014 en Russie, souligne de son côté M. Muselier.
"Les milliards envisagés, pour une hypothétique (et aléatoire) manifestation planétaire de 15 jours dans 8 ou 12 ans, ne pourraient-ils pas servir à aider concrètement nos territoires de montagne?", insiste cependant Mountain Wilderness: "Avons-nous sérieusement besoin d'organiser un événement international" pour "sauver la montagne"?