JO-2024: les élus de Seine-Saint-Denis veulent tenir la promesse d'une "fête populaire"

Places gratuites, passage de la flamme, fan zones XXL... Les initiatives se multiplient en Seine-Saint-Denis pour tenir la promesse de "fête populaire" des Jeux olympiques de Paris (26 juillet - 11 août) dans ce territoire pauvre qui accueille une grande partie des épreuves et des nuisances.

"Un habitant sur 10 pourra assister à une épreuve ou à la cérémonie d'ouverture", s'était réjoui Stéphane Troussel, le président (PS) du département lors d'un déplacement pour annoncer que 180.000 billets seront offerts au territoire, qui compte 1,65 million d'habitants.

Pour le moment, les élus du coin n'en n'ont pas vu la couleur ou peu.

"On a un tas de désagréments et on n'a même pas de place en compensation", peste le maire (LR) de Neuilly-Plaisance Christian Demuynck, qui a récupéré 260 places pour ses 21.000 administrés.

"Les familles modestes, qui ont 3-4 enfants, n'ont pas les moyens d'acheter des places", assure l'édile.

A défaut de pouvoir envoyer ses jeunes au Stade de France à Saint-Denis, la municipalité a lancé ses propres olympiades pour "célébrer l'effort et l'amitié", "les valeurs des JO".

M. Demuynck refuse d'éloigner les habitants de ses quartiers populaires pendant les Jeux, comme le "souhaitent certains" pour éviter les frustrations et les perturbateurs.

De nombreux maires du département, interrogés par l'AFP, ont indiqué avoir obtenu "une large enveloppe" pour organiser des colonies de vacances en Bretagne et autres régions, loin des JO...

"Je trouve dommage qu'on mette de l'argent pour envoyer loin les jeunes au lieu de les intégrer à l'événement", estime le maire (SE) de Neuilly-sur-Marne Zartoshte Bakhtiari, qui constate "assez peu de retombées des Jeux dans le sud du département et beaucoup de contraintes".

Pour les JO, "on a subi un an et demi de travaux pour avoir la Marne propre et rendre la Seine baignable", indique l'édile. "Nos habitants n'ont pas d'emplois télétravaillables et ne pourront se déplacer", ajoute l'élu, qui a fait le choix de ne pas acheter des places pour les JO. "Trop cher. On préfère utiliser les deniers publics pour investir sur des éléments durables".

- Subventions exceptionnelles -

Au prix d'efforts budgétaires conséquents, L'Île-Saint-Denis (8.600 habitants) a fait le choix inverse et a réussi à obtenir 7.000 billets pour les Jeux - soit "une place d'une épreuve olympique en Île-de-France à chaque habitant", revendique son maire de gauche.

Pour ne pas "être les sans-dents du département", la ville d'Aulnay-sous-Bois a répondu aux appels à projet de la préfecture pour l'été olympique en Seine-Saint-Denis".

Les élus du département pourront bénéficier de subventions exceptionnelles pour des animations sportives et culturelles tout au long de l'été en lien avec les JO-2024, pour un budget de six millions d'euros.

"Nos lignes budgétaires en plus vont aller à animer Saint-Denis, on va dépenser énormément et faire énormément d'activités olympiques", assure le maire (PS) Mathieu Hanotin. "On a aussi envie que nos habitants puissent profiter de la fête donc on n'envoie pas de message +tout le monde va partir+, au contraire: on veut montrer que c'est ici que ça va se passer", insiste l'élu.

Du côté de Stains, "l'événement planétaire se prépare depuis des mois pour en faire une fête populaire", confie son maire (DVG) Azzédine Taïbi, qui a déjà installé un mini-village olympique.

"Je ne me sens pas du tout mis de côté: la preuve, la flamme olympique passe à Stains", s'enthousiasme le maire. La torche va sillonner pas moins de 20 villes sur les 40 que compte le département, avec comme ultime étape le parc de La Courneuve, écrin de 400 hectares de verdure, transformé en site de célébration pouvant accueillir 10.000 personnes.

Le département a cassé sa tirelire et investi plus de trois millions d'euros pour faire vivre à ses habitants et aux visiteurs l'ambiance des Jeux même sans posséder un ticket.

Les épreuves seront diffusées sur un écran géant, des concerts et une initiation aux disciplines olympiques sont aussi au programme. L'amateur de sensation forte pourra aussi accéder à une tour panoramique de 80 m de haut et avoir une vue sur toute la région parisienne à partir du 25 juillet.

Cette fan-zone XXL, "les habitants la méritent", estime M. Troussel. "Les jeux en France, c'est tous les 100 ans et une première en Seine-Saint-Denis !"