Après les Jeux, entretenir la flamme: Châteauroux, qui a offert aux épreuves olympiques de tir un écrin loin de l'effervescence parisienne, se réjouit d'une "parenthèse enchantée", qu'elle espère prolonger durablement.
Citée lors de la cérémonie d'ouverture devant près d'un milliard de téléspectateurs, la préfecture de l'Indre, 43.000 habitants, a bénéficié d'une exposition bien inhabituelle aux yeux du monde.
Même la Française Camille Jedrzejewski, qui a décroché l'argent au pistolet à 25 m, a décrit à maintes reprises une expérience "incroyable" poussant le maire de la ville Gil Avérous (ex-LR) à lui proposer sur X un rôle d'ambassadrice de la ville.
Derrière les sportifs, les touristes, aussi, ont été au rendez-vous: une hausse de 60% de la fréquentation et un doublement du nombre d'étrangers ont été observés à l'office du tourisme, par rapport à juillet 2023.
"On n'espérait pas que ça se passe aussi bien, c'était une vraie parenthèse enchantée", s'enthousiasme sa directrice, Alison Rousseau. "Maintenant, on sait situer Châteauroux sur une carte ! Beaucoup d'étrangers ont dit qu'ils reviendraient et tous les hôtels ont été presque complets".
C'est notamment le cas de L'Élysée Hôtel, un trois-étoiles à quelques pas de l'Hôtel de Ville. "C'était une chouette expérience. On a tourné à fond pendant près de trois semaines, grâce à une clientèle JO", se réjouit auprès de l'AFP Régis Tellier, le gérant.
- Impact à relativiser -
Avec les Jeux, son chiffre d'affaires a grimpé d'"environ 40%" par rapport à l'année dernière, avec une chambre double autour de 140 euros, contre 100 euros habituellement. Il espère que cette vitrine donne envie aux gens de "venir ou revenir" dans "les prochains mois".
Mais cet effet JO est nuancé par d'autres, notamment par des restaurateurs comme Pierre Limbert, à la tête de la brasserie "Le Parisien". "Avec l'aménagement de mes horaires et le service en continu, j'ai eu jusqu'à 150 couverts par jour, contre une centaine en temps normal", précise-t-il.
S'il décrit une "belle expérience", "on n'a pas été débordés, on était loin des 4.000 personnes annoncées par jour dans le centre". "Une partie des spectateurs a dû se restaurer sur le site des épreuves", situé à une quinzaine de kilomètres du centre, explique-t-il.
Dans le centre-ville, où vitrines de magasins et rues piétonnes arborent encore les couleurs de Paris 2024, la plupart des commerçants rencontrés ont trouvé "vraiment sympa" l'expérience olympique, sans qu'elle ne bouscule véritablement leur quotidien.
"Je suis allée aux épreuves, c'était chouette", dit Nathalie, préparatrice en pharmacie. "En revanche, je ne suis pas certaine que ça change beaucoup nos habitudes à long terme".
- Lien social -
Mais les Jeux olympiques ont surtout permis d'évoquer positivement Châteauroux, frappée par plusieurs faits divers dramatiques au printemps, comme la mort de Matisse, 15 ans, tué par un adolescent du même âge fin avril.
"Cette pause olympique a fait beaucoup de bien, surtout d'entendre parler de notre ville différemment dans les journaux", lance Hélène Perret, derrière la vitrine de sa boulangerie. "Ce qu'il s'est passé nous a beaucoup marqués, la ville et tout le département".
Pour le maire, l'héritage des Jeux repose effectivement dans le renforcement de ce "lien social" d'une population "affectée par les événements" et globalement plus pauvre qu'ailleurs en France.
"Le sport est un élément fédérateur dans la population. Depuis le passage de la flamme olympique, on a tourné la page de tout ça et on sent que la ville et les habitants se sont rassemblés", pointe Gil Avérous, qui se réjouit d'un "vrai succès populaire" pour ses administrés.
Seule ville hors de l'Ile-de-France à accueillir des épreuves paralympiques à partir du 28 août, Châteauroux organisera également une "quinzaine d'épreuves nationales et internationales de tir en 2025".
"On a montré à tout le monde qu'on savait organiser un événement international. Quand on voit le bien que cela a apporté, il faut qu'on continue", conclut M. Avérous.
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