Des sauveteurs, des beignets, des transats, le décor de n'importe quelle ville côtière en été. C'est aussi désormais celui de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), où la baignade dans la Marne est de nouveau autorisée après un demi-siècle d'interdiction pour pollution.
"J'attendais ça depuis très longtemps", sourit Alexandra Pellas, une Joinvillaise de 32 ans, "c'est un réel plaisir que ce soit à dix minutes à pied de chez moi et de pouvoir me baigner comme à la plage !"
Seule déception ce samedi pour les quelque centaines de personnes qui se pressent sur ce bord de Marne à nouveau baignable comme trois autres sites du département, "le drapeau rouge flotte sur notre port", concède Olivier Dosne (Libres !), le maire de la ville.
En cause, les récents orages et leur impact sur la qualité de l'eau de la Marne, scrupuleusement surveillée et analysée depuis la promesse faite aux riverains du retour des baignades dans la Marne (et dans la Seine, à Paris, où les sites ouvriront le 5 juillet) en guise d'héritage des Jeux olympiques.
"On a très, très chaud et on aurait aimé se baigner dans la piscine naturelle, dans ce cadre magnifique", regrette Laure Jung, une hôtesse de l'air habitant à quelques kilomètres de là.
Pas de quoi gâcher la fête selon Olivier Dosne, qui se réjouit de rouvrir un "site historique" pour "redonner vie à des espaces autrefois animés par des guinguettes et des loisirs nautiques".
"Si on fait un bref plongeon dans l'Histoire", récapitule l'édile, "nous sommes sur le site historique du Banc de sable", l'un des "lieux de baignade incontournables" des bords de Marne et de Seine au milieu du XXe siècle.
Dès la fin du XIXe siècle, les lignes de chemin de fer qui desservent des gares proches des rives permettent aux Parisiens de passer le dimanche au bord de l'eau.
Dans les années 1920 puis 1930, mairies ou entrepreneurs particuliers institutionnalisent ces espaces, souvent entourés de guinguettes où l'on danse la musette, de terrains de minigolf, de marchands de glaces...
A Joinville, la baignade du Banc de sable fut d'abord un site sauvage au début du XXe siècle avant que l'usine Pathé-Nathan ne fasse construire une baignade aménagée, selon un ouvrage de l'architecte val-de-marnais Thomas Deschamps.
Elle deviendra municipale aux alentours de la Seconde Guerre mondiale.
- "Joinville-les-Bains" -
"Je ne m'interdis pas publiquement cet après-midi de prendre un arrêté pour nommer prochainement Joinville-le-Pont, Joinville-les-Bains", plaisante le maire lors de son discours.
Tout pour recréer la carte postale de la baignade à Joinville et le sentiment d'être sur un littoral, à quelques encablures de la capitale.
La construction en bois inaugurée samedi, qui décrit un arc de cercle le long de la berge, s'inspire de la disposition du petit et du grand bains visibles sur les photos d'archives de la baignade historique.
Les techniques de filtration de l'eau, elles, ont heureusement évolué depuis le milieu du siècle précédent: les baigneurs profiteront d'une eau filtrée par plusieurs procédés (charbon, UV, sable), mélangée à celle de la Marne qui rentre directement dans les espaces de baignade à travers un filet.
L'espace peut accueillir 200 personnes par créneau de deux heures (réservable via une application), pour trois ou huit euros selon si l'on réside dans le département.
Pour en profiter, ce n'est que partie remise pour Michaël Pellas, 44 ans, le frère d'Alexandra, venu avec ses filles et sa compagne.
"Il fait beau, il fait chaud, ça aurait fait du bien même, les enfants sont frustrés", regrette ce commercial.
"Mais bon, mieux vaut bien surveiller que pas assez et choper des saloperies", se réconforte-t-il, enthousiaste à l'idée de pouvoir revenir se baigner dès le lendemain dans une eau qu'il espère propre.