Interdiction des voitures neuves thermiques: la France veut "des flexibilités"

Tout en assurant vouloir "poursuivre l'électrification des véhicules", les ministères de l'Économie et de la Transition écologique indiquent jeudi qu'ils "défendr(ont) des flexibilités en matière de neutralité technologique" si elles s'accompagnent de mesures de soutien à l'emploi en Europe.

"La France souhaite poursuivre l'électrification des véhicules et défendra des flexibilités en matière de neutralité technologique dès lors qu'elles s'accompagneront de mesures très claires d'incitation à la préférence européenne qui soutiennent les emplois industriels en Europe", déclarent ces deux ministères dans un communiqué.

Les ministres Monique Barbut (Transition écologique), Roland Lescure (Économie) et ministre délégué Sébastien Martin (Industrie) souhaitent que "le règlement européen sur les émissions de CO2 des véhicules neufs soit avant tout au service de la production automobile en Europe et introduise une réelle incitation à la préférence européenne dans l'automobile".

Cette déclaration intervient deux jours après que la France et l'Espagne ont réaffirmé leur soutien à l'interdiction, prévue pour 2035, de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l'Union européenne.

Cette mesure, la plus emblématique du Pacte vert européen, est de plus en plus contestée par les constructeurs automobiles européens, qui réclament à cor et à cri un assouplissement des règles. Le Chancelier allemand Friedrich Merz s'était engagé à "tout faire" pour lever cette interdiction, répondant ainsi à l'appel de son industrie automobile en crise.

A ce stade, la Commission européenne assure maintenir le cap, mais la pression monte: la loi actuelle prévoyait de réévaluer la mesure et ses impacts en 2026. L'exécutif européen a promis de se pencher sur le sujet dès la fin de l'année.

Pour Bercy et le ministère de la Transition écologique, "il s'agit de produire en Europe, avec des composants européens, les véhicules vendus au sein de l'Union". Ces véhicules "bénéfiques pour les équipementiers européens" qui "permettent de maintenir et de créer des emplois industriels en Europe devront être soutenus", écrivent-ils dans le communiqué.

"Parce que l'électrification ne doit pas être synonyme de désindustrialisation, la France entend privilégier la responsabilité et le pragmatisme, sans renoncer à l'ambition ni aux engagements pris devant les Français et devant l'Europe", ajoutent-ils.