Infrastructures: les routiers s'opposent à toute taxation supplémentaire

Les organisations professionnelles du transport routier ont rappelé mercredi leur opposition à toute nouvelle taxation pour financer les infrastructures de transport, refusant une "concertation" qui n'en serait pas une alors que le gouvernement cherche à dégager de nouvelles ressources.

L'exécutif veut trouver 500 millions d'euros par an à partir de 2020. Le ministère des Transports songe à faire payer les poids lourds, hésitant entre l'instauration d'une vignette --qui serait éventuellement remboursée aux camions français-- et/ou une baisse de la "ristourne" dont bénéficient les transporteurs sur la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE, qui frappe le carburant).

La ministre des Transports Elisabeth Borne a lancé une "concertation" avec les organisations du transport routier. Si elle a évoqué mardi "plusieurs possibilités" devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, elle a semblé pencher pour la seconde solution.

"Je pense qu'aujourd'hui (...), quand on voit que le remboursement de TICPE serait amené à passer à 700 millions d'euros à 2,7 milliards d'ici la fin du quinquennat (car son taux doit augmenter, NDLR), on peut se dire qu'(...)au moment où chacun assume une fiscalité écologique, il paraît plus que jamais raisonnable de demander au transport routier de participer au financement des infrastructures", a-t-elle dit aux délégués.

"Il est inacceptable que le secteur du TRM (transport routier de marchandises, NDLR) soit pointé du doigt alors qu'il contribue plus que de raison à la fiscalité sur le carburant", ont réagi mercredi les organisations professionnelles --FNTL, TFL, Unostra Chambre syndicale du déménagement et Otre-- dans un communiqué commun.

La TICPE rapporte déjà plus de 30 milliards d'euros à l'Etat, et en affecter 1 centime aux infrastructures (sur un taux de 60 à 70 centimes le litre environ) rapporterait les 500 millions que cherche le gouvernement, ont-elles remarqué.

"Il est par ailleurs inadmissible d'avoir depuis des mois mis en avant la nécessité de taxer les camions étrangers (qui traversent la France sans y faire le plein, NDLR), alors qu'il est patent que l'effort ne sera finalement demandé qu'aux transporteurs nationaux dont la compétitivité est en berne", ont regretté les organisations du transport routier.

"Ce qui nous défrise, c'est qu'on nous dise qu'il y a une concertation engagée", a indiqué à l'AFP Florence Berthelot, la déléguée générale de la FNTR.

"Nous n'irons à aucune concertation pour alourdir la fiscalité des entreprises de transport. Le gouvernement prendra ses responsabilités. Mais nous n'irons pas rencontrer les services du ministère pour savoir comment mieux se faire taxer", a-t-elle ajouté.