Ile-de-France: Pécresse lance les chantiers de son deuxième mandat

Valérie Pécresse, réélue fin juin à la tête de l'Ile-de-France et potentielle candidate de la droite à la présidentielle de 2022, entend lancer 80% de ses promesses de campagne mercredi lors de la première séance plénière de la plus importante région de France.

Réélue sans alliance de second tour avec 45,92% des voix, soit 12 points de plus que la liste d'union de la gauche conduite par Julien Bayou (EELV, 33,68%), l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy veut compter sur une majorité régionale - 125 sièges sur 209 - et un crédit politique renforcés.

Avec une quinzaine de rapports sur la table dès mercredi, les chantiers de son deuxième mandat ne manquent pas: effacement de la part régionale de la dette Covid pour 7.000 entreprises, création d'un fonds stratégique d'investissement, lancement d'une aide de 6.000 euros à l'achat d'un véhicule propre, poursuite des pistes cyclables le long des tracés RER...

Certains dossiers doivent aboutir plus vite que d'autres, comme la mutuelle régionale promise par la cheffe de file de Libres!, qui doit voir le jour début 2022.

"C'est un signal fort pour dire que tous les engagements pris sont tenus, comme lors du précédent mandat. Et on sait que pour avoir des résultats (...), il faut lancer les choses très rapidement", résume l'entourage de l'ex-LR.

- "Coquilles vides" ? -

Mais l'opposition socialiste dénonce une présidente déjà "aux abonnés absents", notamment sur les lycées, compétence phare de la région.

"Gestion des effectifs, travaux d'urgence, campagne de vaccination... aucune mesure majeure d'anticipation de la rentrée scolaire 2021 n'a été inscrite par la droite à l'ordre du jour", déplore le groupe socialiste dans un communiqué.

Le prix des cantines scolaires doit être abaissé dès la rentrée à 50 centimes d'euros pour les lycéens de la première tranche de quotient familial. Mais cette mesure ne va pas assez loin pour Céline Malaisé (PCF), qui a fait campagne pour la gratuité, ou Maxime des Gayets (PS).

Et de manière générale, pour ce dernier, les rapports présentés mercredi sont des "coquilles vides" et les délibérations "ne sont pas du tout dans la concrétisation".

La présentation du compte administratif, qui "aurait dû être discuté avant la fin du mandat" précédent selon M. des Gayets, et du budget supplémentaire font également grincer des dents l'opposition.

Si Mme Pécresse se félicite de diriger "la seule Région à avoir diminué, chaque année depuis 2015, ses dépenses de fonctionnement", Mme Malaisé voit dans les 483 millions d'euros d'excédent budgétaire autant de "crédits non consommés avec lesquels on aurait pu rénover deux fois le RER B".

Pour Maxime des Gayets, "le fonds d'aide à la culture n'a été dépensé qu'à hauteur de 20% et les crédits de paiement en matière de sécurité à moins de 50%", ce qui "démontre le décalage entre les intentions proclamées par Valérie Pécresse et la réalité de l'action de la région".

- "La tête ailleurs" ? -

"Pendant la campagne, elle a toujours mis en avant les résultats", répond son entourage pour qui le verdict des urnes valide "une satisfaction extrêmement forte vis-à-vis du bilan". Il s'agit dès lors de réussir la "remise en route" de la machine régionale.

Pour Céline Malaisé, le copieux programme initial, qui revient à "prendre les Franciliens pour des imbéciles" car "ce n'est pas possible de faire passer tous ces engagements dans un laps de temps aussi court", relève de "l'ordre de la communication très +présidentielle-mai 2022+ et donne l'impression que plus vite c'est fait, plus vite la présidente peut passer à autre chose".

Présente mardi à une réunion des Républicains en compagnie d'autres candidats potentiels, Valérie Pécresse "a la tête ailleurs qu'à la région", estime Maxime des Gayets, qui craint qu'elle ne considère l'Ile-de-France "comme un marchepied".