Il est déjà trop tard pour sauver tous les palmiers de la Côte d'Azur et du pourtour méditerranéen, estime l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) qui publie mercredi des recommandations pour protéger les spécimens qui peuvent encore l'être contre l'insecte qui les ravage, le charançon rouge.
Le rapport, rédigé par un groupe d'experts à la demande du ministère de l'Agriculture, conclut à la quasi-impossibilité d'éradiquer le charançon dans les six départements du littoral méditerranéen et la Corse : il a tellement proliféré depuis 10 ans que le combat serait perdu d'avance.
Introduit autour de 2006 via des cargaisons de palmiers à bas prix importées d'Egypte, le charançon produit des larves qui détruisent le palmier de l'intérieur.
Dans la zone dite méditerranéenne, "l'objectif réaliste le plus ambitieux serait de stabiliser la population de charançon rouge du palmier et de réduire son impact sur la mortalité des palmiers, tout en contrôlant aussi longtemps que possible son aire d'extension géographique (...)", estime l'Anses, en soulignant que "le coût sera élevé".
Seconde solution, selon l'Anses pour les Pyrénées-Orientales, l'Aude, l'Hérault, le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-Maritimes et la Corse : "envisager de limiter la protection à certains palmiers, notamment pour leur importance patrimoniale et proposer des espèces végétales de remplacement pour les zones non protégées". Autrement dit, planter d'autres arbres, mais le rapport ne dit pas lesquels.
Dans le reste de l'Hexagone, où il y a peu de palmiers mais où le charançon a quand même fait une apparition sporadique (dans le Morbihan en 2013, la Normandie en 2017), les scientifiques sollicités par l'Anses estiment que "le contrôle strict du charançon en vue de son éradication doit toujours être d'actualité".
L'arsenal des mesures est vaste : contrôle de l'importation de plants de palmiers, contrôle du transport de palmiers depuis les départements infestés, mesures de quarantaine, inspection de chaque palmier, piégeage dans les communes situées en zone tampon, à 10 km des foyers infestés, etc.
L'avis de l'Anses identifie six combinaisons de traitements, sans trancher entre les vertus d'une méthode chimique ou strictement biologique.
A Nice, où l'on voit régulièrement des palmiers malades finir débités à la tronçonneuse, la municipalité est critiquée pour son choix du 100% naturel. Un habitant a porté plainte contre X en juillet, reprochant à la mairie de ne pas appliquer les traitements insecticides obligatoires et d'avoir mis "délibérément en danger un patrimoine végétal remarquable" selon sa plainte.