Hulot: l'opposition dénonce "une trahison", la majorité défend son bilan

Les responsables politiques d'opposition, de droite comme de gauche, estiment que la démission de Nicolas Hulot marque la fin d'une "illusion" sur l'écologie, tandis que les représentants de la majorité louent la politique d'Emmanuel Macron dans ce domaine.

A gauche, le chef de file de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a qualifié cette démission de "vote de censure contre Macron", estimant que "la macronie commence sa décomposition".

"C'est la fin d'une illusion", a estimé Yannick Jadot, eurodéputé EELV chef de file de son parti aux élections européennes de l'an prochain, mais "c'est une mauvaise nouvelle pour l'écologie", accusant Emmanuel Macron d'avoir "manipulé Nicolas Hulot".

"L'écologie et les biens communs sont encerclés par les intérêts privés", a déploré le secrétaire national EELV David Cormand.

"Ne plus mentir, ne plus se mentir. N. Hulot nous parle d'une trahison. Celle d'un pouvoir qui a abandonné toute référence au progressisme et à l'écologie. Les masques sont tombés un à un", selon le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.

C'est un "aveu d'échec sur la nécessaire transition écologique et la fin d'une illusion sur Macron", a renchéri le secrétaire national du PCF Pierre Laurent.

- "Décomposition" -

A droite, le président du parti Les Républicains Laurent Wauquiez a dit "comprendre que (Nicolas Hulot) se sente trahi comme aujourd'hui comme pas mal de Français par des promesses fortes qui avaient été faites, et le sentiment à l'arrivée que ce n'est pas très tenu".

Pour le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, "Nicolas Hulot n'aura rien fait durant 15 mois à part torpiller le projet de Notre-Dame-des-Landes. E. Macron doit en tirer une leçon: nommer des ministres pour faire de la communication n'est pas la meilleure des idées..."

L'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy (2007-2012) a minimisé l'importance de ce départ, rappelant que dans tous les gouvernements il y avait des démissions, comme celle de Jean-Louis Borloo en novembre 2010 sous sa présidence. "Hulot ou pas", les questions de l'immigration ou de la crise de 2008 sont "plus importantes", selon lui.

L'ancien ministre Alain Juppé, qui a pris ses distances avec LR, s'est dit "impressionné par (la) hauteur de vue et la noblesse de (la) démarche" de M. Hulot, espérant que "cette décision nous incitera tous à réfléchir et à changer".

Nicolas Hulot "met le doigt où ça fait mal" quand il "dénonce la soumission du gouvernement du gouvernement aux critères de Maastricht, à l'économie financiarisée, au modèle économique ultra-libéral", a jugé Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN).

Comme pour LFI, le RN a estimé dans un communiqué que ce départ était "le signe d'une décomposition précoce et avancée de la Macronie", qui "met en lumière les carences d'un pouvoir qui a survendu la compétence" en matière environnementale.

- "Détermination" -

La démission de Nicolas Hulot fait "apparaître au grand jour toute l'escroquerie du gouvernement en matière environnementale", selon l'ancien numéro deux du FN, Florian Philippot.

Pourtant soutien d'Emmanuel Macron pendant sa campagne, l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage a jugé que "les mesures que (Nicolas Hulot) a eu à prendre étaient des mesures dans le meilleur des cas faibles, et dans le plus mauvais contre-productives".

A l'inverse, le chef de file des députés LREM Richard Ferrand a estimé que le gouvernement avait "beaucoup agi depuis 15 mois pour relever les défis climatiques et écologiques" et que la démission de Nicolas Hulot était une décision "personnelle". "Nous continuerons avec la même détermination le travail pour la transition écologique et solidaire. On ne lâche rien", a tweeté le député.

Le président LREM de l'Assemblée François de Rugy a dit "regretter" cette démission et salué "son action depuis 15 mois au sein du gouvernement pour enclencher des transformations écologiques profondes".

L'Elysée a fait savoir que Nicolas Hulot pouvait être "fier de son bilan" et que "la détermination reste totale pour poursuivre dans la même direction et avec le même niveau d'ambition".