Hervé Morin veut sortir de "l'imaginaire extrêmement puissant du ferroviaire"

Le président de la région Normandie Hervé Morin (Les Centristes) a appelé mercredi "à rationaliser et à optimiser" les transports régionaux, quitte à mettre des autocars là où circulent des trains en sortant de "l'imaginaire extrêmement puissant du ferroviaire".

Déplorant que les schémas de mobilité actuels "ne correspondent pas à ce qui se passe", M. Morin, qui est également président de Régions de France, s'est réjoui devant le congrès de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) de ce que les régions allaient désormais avoir toutes les cartes en main pour organiser la mobilité sur leur territoire.

"Pour une fois, on va avoir une autorité publique unique, qui va pouvoir gérer le train et la route". "On va pouvoir bâtir un modèle qui cherche à rationaliser et à optimiser", a-t-il relevé.

"On était (jusqu'à présent) dans un modèle absolument ahurissant", où les transports régionaux et départementaux se faisaient concurrence, n'étaient pas forcément interconnectés ni connectés aux trains, et "où à aucun moment on se posait la question simple: est-ce qu'il vaut mieux mettre un bus plutôt qu'un train?", s'est-il interrogé.

Or, le bus coûte entre cinq et dix fois moins cher que le train, a noté l'élu. Il faut donc "s'interroger sur la pertinence de mettre du train là où on peut mettre du bus, moins cher, en améliorant la qualité du service", a-t-il dit, citant l'exemple de Caen-Rennes où les trains sont souvent vides et les autocars plus rapides.

Il s'agit selon lui de "déverrouiller l'imaginaire dans lequel on est", car "on est encore sur des schémas et des raisonnements de mobilité qui ne correspondent absolument pas à ce qui se passe".

Les données issues d'un accord avec un opérateur de téléphonie mobile ont en effet permis à la région "d'examiner la totalité des transports des Normands", a-t-il raconté.

Hervé Morin appelle donc de ses voeux "la construction d'un nouveau modèle" prenant mieux en compte la réalité des déplacements, qui n'est plus dominée par des déplacements pendulaires à heures fixes.

Mais, a-t-il remarqué, "il y a une espèce d'attachement incroyable au ferroviaire qui fait que passer du ferroviaire à la route" semble une mission impossible pour les autorités organisatrices. "Il faut qu'on arrive à faire beaucoup de pédagogie sur cette histoire."

"Il faut que l'on dépoussière nos cerveaux!", s'est exclamé Hervé Morin devant la FNTV, l'organisation professionnelle du transport en autocar.