Implantée depuis près de 50 ans à La Loupe (Eure-et-Loir), Herby réussit à fabriquer des séchoirs étendoirs à linge en France, un atout marketing autant qu'un choix industriel.
Repartie après un dépôt de bilan à la fin des années 1990, Herby décidé en 1998 d'orienter sa production sur la fabrication pour la grande distribution, prenant acte du déclin du commerce de détail.
Pari gagnant puisqu'aujourd'hui 80% de la production sort sous marque de distributeur, pour les grandes surfaces alimentaires, de bricolage ou d'articles de décoration et de maison. Herby a aussi relocalisé il y a quelques années une ligne de production qui était en Tunisie.
En France, "il y avait dans les années 1990 trois fabricants dont Herby, aujourd'hui, il ne reste qu'Herby parce qu'il a pris le tournant des marques distributeurs", explique à l'AFP Richard Woods, directeur général adjoint de la société, passée il y a dix ans dans le giron du groupe allemand Leifheit.
Herby a investi fortement pour se doter d'un outil industriel performant, permettant de produire un million de séchoirs par an.
L'an dernier, Herby a consacré un demi-million d'euros à une nouvelle ligne de peinture epoxy et de lavage, détaille Jean-Benoît Cottereau, directeur étude, développement et industrialisation.
- Assemblage manuel -
Livrés en bobines, des fils d'acier sont d'abord redressé et coupés, puis soudés pour former la grille à étendre le linge, qui reçoit un enduit de protection et une peinture. Le socle est parallèlement formé de tubes pliés.
L'essentiel de ces opérations est automatisé, sous supervision d'un opérateur. Mais la partie finale d'assemblage et de contrôle de qualité reste très manuelle, souvent effectuée par des opératrices.
L'entreprise, qui emploie près de 100 salariés, tourne en deux équipes, et même trois dans les périodes de plus forte activité saisonnière, comme en ce début d'automne.
Herby a aussi repris en interne, il a quelques années, la fabrication de ses pièces plastiques (charnières, poignées), avec une dizaine de presses à injecter.
"Notre but est d'être en avance. La stratégie industrielle fait partie totalement de la stratégie produit de l'entreprise", souligne M. Cottereau. "L'outil industriel permet de faire du développement", résume-t-il.
Herby met l'accent sur le fabriqué en France, avec mention et drapeau sur ses emballages, en misant aussi sur la réactivité.
"Au-delà de la qualité, c'est la flexibilité que l'on offre à nos clients. On reçoit des commandes un jour et on va livrer le lendemain ou le surlendemain. Pour la grande distribution, ce qui est important c'est que les produits soient en rayon", souligne le directeur général.
"Pour garder de la production en France, il faut de l'innovation et du haut de gamme, mais il faut aussi avoir la capacité de faire du premier prix (...) C'est la difficulté", ajoute Jean-Benoît Cottereau.
- Le pari Tancarville -
A côté des produits MDD, Herby a décidé en 2016 de reprendre la marque Tancarville, presque synonyme de séchoir pour de nombreux Français depuis les années 1950.
Après l'acquisition de Tancarville en mars 2016, Herby a commencé par lancer un sondage pour savoir si "la marque parlait encore" et pour "construire la gamme", explique Sonia Hamelin, responsable commerciale.
"Ce qu'ils voulaient, c'est une facilité d'utilisation", ce qui a demandé d'imaginer des accessoires. Six mois après, la nouvelle gamme Tancarville arrivait, avec entre autres des roulettes pour le déplacement et un panier pour transporter le linge à étendre.
Herby développe des produits avec ses clients. L'entreprise a ainsi co-conçu avec et pour le groupe Carrefour la gamme Klindo, distinguée par trois prix de design.
Le chiffre d'affaires de Herby a atteint 12 millions d'euros en 2017, en hausse de 20 à 25% sur les cinq dernières années, dans un marché du séchoir globalement stable.
Herby veut continuer à croître et mise notamment sur la gamme Tancarville. L'objectif est de générer à moyen terme 1 million d'euros, soit 8% des ventes. La marque Herby, qui ne pèse plus que 5%, devrait progressivement lui laisser la place.
Le e-commerce est un autre relais de croissance, tandis que sa maison-mère Leifheit pilote le développement à l'international, en commercialisant les produits dans l'Europe du Nord.
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