Deux semaines après la fermeture d'un refuge d'accueil pour migrants à Briançon, les Terrasses Solidaires, le bras de fer se poursuit entre des associations qui exigent que l'État ouvre un nouveau centre d'urgence, et les pouvoirs publics, qui font la sourde oreille.
Une centaine de migrants arrivés d'Italie sont actuellement hébergés dans la salle paroissiale attenante à l'église Sainte-Catherine de Briançon, selon Max Duez, 69 ans, coadministrateur du Refuge solidaire de Briançon, qui gère le refuge Terrasses Solidaires. D'autres encore dorment sous des barnums, tandis que certains ont été accueillis par des familles en ville, selon lui.
Une situation qui se veut provisoire mais qui perdure depuis la fermeture le 26 octobre de l'accueil du refuge "Les Terrasses solidaires". "Alors que la commission de sécurité a fixé à 80 personnes la jauge maximale, le refuge a tourné avec une moyenne de 180 personnes, ce qui n'est pas acceptable pour des questions de sécurité, de salubrité et de dignité", explique Max Duez.
"Nous avons suspendu l'accueil pour mettre la pression sur l'État pour qu'il ouvre un centre d'urgence en complément. Zéro migrant dans la rue: c'est notre objectif", ajoute-t-il.
Après la fermeture du refuge, de 150 à 200 migrants avaient temporairement occupé la gare de Briançon avant d'être accueillis dans l'église. La situation a revêtu un nouveau caractère d'urgence avec l'arrivée de la neige et du froid ces derniers jours dans cette zone d'altitude.
Mais la préfète des Hautes-Alpes Martine Clavel réplique que "l'État n'a pas pour mission d'organiser à la frontière la mise à l'abri durable de personnes entrées illégalement", faute d'avoir demandé l'asile dans leur premier pays d'entrée en Europe, l'Italie et insiste sur le "maintien de l'ordre public".
"Plusieurs dispositifs d'hébergement d'urgence existent dans les Hautes-Alpes pour les personnes les plus vulnérables et leurs moyens ont été accrus ces dernières années", selon elle.
Le maire de Briançon Arnaud Murgia dit pour sa part "condamner fermement le rapport de force engagé avec l'État par les associations et qui prend en otage la ville de Briançon et sa population".
- Route des Balkans -
Le dispositif d'hébergement d'urgence de droit commun est constitué de 129 places pérennes (contre 64 places en 2017) auxquelles s'ajoutent des places exceptionnelles si besoin et le dispositif spécialisé pour les demandeurs d'asile compte 239 places pérennes.
Selon les estimations des associations, près de 300 migrants, en majorité des Afghans et des Iraniens, traversent actuellement chaque semaine à pied la frontière franco-italienne au niveau du col de Montgenèvre.
La station des Hautes-Alpes, où les patrouilles terrestres en montagne, de la gendarmerie, de la Police aux frontières (Paf) et des militaires de la force Sentinelle, ont été renforcées, reste l'un des principaux points de passage de migrants entre l'Italie et la France depuis 2017.
Selon les autorités, depuis le début de l'année, près de 3.000 personnes en situation irrégulière ont été remises aux autorités italiennes (dont 40% d'Afghans) contre 1.200 en 2020 et 1.500 en 2019.
Amir, 35 ans et Marty, 26 ans, deux chrétiens convertis, disent avoir fui l'Iran en raison de leur religion et traversé la frontière il y a trois jours. Les deux hommes ont "parcouru la route des Balkans" ensemble. "J'ai payé 3.500 euros à des passeurs pour faire Iran-Italie", confie Marty, dont le voyage a débuté il y a six ans.