Haute-Loire: plusieurs recours contre un projet de déviation

Des élues et associations de défense de l'environnement ont annoncé vendredi avoir déposé des recours contre le projet de déviation de la RN88 en Haute-Loire, majoritairement financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le fief de son président Laurent Wauquiez.

Les travaux, permettant la création d'une 2x2 voies entre Saint-Hostien et Le Pertuis, ont commencé début janvier après l'accord de la préfecture le 28 octobre, malgré plusieurs manifestations d'opposants.

Quatre associations - France Nature Environnement (Haute-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes), AUTA (usagers) et SOS Loire Vivante - ont indiqué dans un communiqué avoir déposé un recours devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand jeudi.

Le projet de déviation, imaginé dans les années 1990, "a été pensé à l'époque du tout-voiture" et "sort de terre à l'identique (...) dans un contexte où crise climatique et 6e extinction de biodiversité sont affichées comme des priorités de l'action publique", soulignent-elles.

Selon elles, ces 10,7 km de route menacent "140 hectares d'espaces naturels, forestiers et agricoles, 16 habitats d'intérêt communautaire, plus de 100 espèces protégées", alors que "l'actuelle RN88 ne présente pas une dangerosité plus élevée que la moyenne des routes du même type".

Elles demandent l'annulation de l'autorisation environnementale accordée le 28 octobre et ont également déposé un référé pour faire suspendre son application. FNE Haute-Loire a également déposé plainte auprès de l'Office français de la biodiversité mi-janvier.

Des élues du groupe RCES (Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire) au conseil régional ont annoncé de leur côté vouloir déposer un recours lundi devant le tribunal administratif de Lyon, "pour excès de pouvoir" contre le budget primitif 2021 de la Région qui comprend un investissement de 23,3 millions d'euros dévolu à ces travaux.

Deux d'entre elles avaient déposé un recours identique contre l'arrêté préfectoral, le 22 décembre, devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand.

Ce projet "hors compétences de la Région, est aux antipodes des enjeux de justice sociale et environnementale auxquels nous devons faire face. Il porte atteinte non seulement à l'environnement mais aussi à la démocratie", affirment-elles dans un communiqué.

Le coût total de cette déviation est estimé à 226,5 millions d'euros, dont 198 millions d'euros financés par la Région, auxquels s'ajoute le coût du doublement de la déviation d'Yssingeaux, dans le même département, pour un montant de 37,8 millions d'euros exclusivement régionaux, selon le groupe RCES.

Ces deux recours "soulèvent des motifs similaires dont l'atteinte au Code de l'environnement et conflit d'intérêts du président de région Laurent Wauquiez" dans son fief de Haute-Loire, où il a été député et maire du Puy-en-Velay.

Sollicité par l'AFP, l'exécutif régional n'a pas souhaité réagir.