Handicap: un accompagnement vers l'emploi souvent indispensable

Il n'est pas facile d'exercer une profession quand on souffre d'un handicap psychique ou cognitif, facteur de fatigue ou de stress pas immédiatement visible. Pour ces personnes et les entreprises qui les emploient, un accompagnement est souvent indispensable.

Olfa, 33 ans, est accueillie depuis cinq ans par Trajectoires Emploi, un établissement et service d'aide par le travail (Esat) dit "hors les murs", c'est-à-dire qu'il recherche à ses travailleurs des missions dans des entreprises extérieures.

Le service basé à Sèvres (Hauts-de-Seine) et géré par l'association Adapei 92 vise à faciliter l'intégration professionnelle d'adultes ayant des difficultés cognitives, des déficiences intellectuelles ou des troubles psychiques.

Olfa, qui a souffert d'une méningite dans son enfance, a gardé des séquelles, des "soucis de mémoire, de concentration et de fatigue", explique-t-elle à l'AFP. "Comme ça ne se voit pas, souvent les gens ne comprennent pas", dit-elle. Ses difficultés l'ont obligée à abandonner le métier d'animatrice en école maternelle, qu'elle a exercé avant d'obtenir la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH).

Trajectoires Emploi l'a aidée à déterminer le rythme de travail qui lui convient le mieux, avec 10 minutes de pause toutes les 45 minutes.

Le service a trouvé pour Olfa plusieurs stages et missions plus longues d'agent de restauration, la dernière entamée il y a deux ans venant de déboucher sur un CDI. Une "victoire" pour la jeune femme, qui quitte ainsi le milieu dit "protégé" pour devenir salariée d'un groupe de restauration collective, dans un collège des Hauts-de-Seine.

Les chargés d'insertion professionnelle de Trajectoires Emploi, qui l'ont aidée à trouver les adaptations nécessaires, pourront continuer de la soutenir ponctuellement pendant la première année de son CDI.

Ils accompagnent ainsi tout au long de leur parcours une quarantaine de personnes, en prenant en compte leurs attentes et compétences.

- mises à disposition -

Des ateliers sont organisés au sein de l'Esat pour aider ces personnes à surmonter leurs difficultés, surtout liées à "la mémorisation des consignes, la planification du travail, la communication", explique l'une des chargés d'insertion, Hayat Hadria. "Lors des premiers jours en entreprise, nous sommes présents pour vérifier que les adaptations mises en place conviennent, et les réajuster si besoin", dit-elle.

L'équipe comprend également une psychologue et une conseillère chargée d'aider les personnes à développer leur autonomie dans leur vie quotidienne (démarches administratives, orientation dans les transports ...).

Trajectoires Emploi accueille "principalement des personnes dont le handicap ne se devine pas", souligne la cheffe de service, Marion Brochard. "C'est d'autant plus important qu'il y ait un accompagnement, parce que quand le handicap ne se voit pas, parfois on l'oublie, dit-elle, et quand on l'oublie, on peut mettre en difficulté la personne en lui demandant des choses trop difficiles pour elle, ou qu'elle ne peut pas faire".

Pour les missions longues, l'Esat signe avec les entreprises des "contrats de mise à disposition" pouvant aller jusqu'à trois ans, et c'est lui qui rémunère la personne. "Cela permet de protéger le travailleur", explique Mme Brochard. "L'entreprise ne peut pas lui dire du jour au lendemain +tu t'en vas+ ou +je change tes horaires+".

Les entreprises clientes de l'Esat sont actives dans divers secteurs: administratif, distribution du courrier, grande distribution ...

Les expériences professionnelles ne débouchent cependant pas toujours sur une embauche en milieu ordinaire.

Sarah, 27 ans, accueillie depuis décembre 2011 par Trajectoires emploi, a ainsi fait plusieurs missions, d'abord comme agent administratif, mais "le milieu ordinaire était trop stressant et je ne suis pas assez rapide", témoigne-t-elle. Elle est donc en train de s'orienter vers une activité de conditionnement dans un Esat traditionnel, ayant ses propres ateliers de production.

Les Esat "hors les murs" restent peu nombreux au regard des besoins. Il n'y a pas de chiffre officiel mais leur nombre est estimé entre 50 et 60 en France de source associative.

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