Hache à la main, les femmes s'attaquent au bûcheronnage sportif

Débiter des rondelles de bois à la tronçonneuse, couper en deux un billot à coups de hache: les femmes se mettent au bûcheronnage sportif, avec l'espoir de devenir des championnes.

Dimanche, les meilleures bûcheronnes sportives de France se sont affrontées à Sarrebourg, en Moselle, en marge des Championnats de France 2025 Stihl Timbersports.

Aude Seel, 28 ans, quitte la scène et la tronçonneuse. Elle vient de terminer la première épreuve, celle du stock saw, qui requiert puissance et technique.

"L'objectif c'est de faire deux rondelles entières de 10 cm de largeur, et bien sûr de faire ça le plus rapidement possible", explique cette chargée de mission pour une fédération d'entreprises d'insertion.

La jeune femme a commencé à s'entraîner il y a environ huit ans à Schirrhein en Alsace, et si elle est maintenant parisienne, elle continue de pratiquer, participant régulièrement à des compétitions.

Elle concourt ce jour-là aux côtés de quatre autres Françaises et de deux invitées, une Anglaise et une Allemande, lors de cette "Ladies Cup" organisée près d'un étang de Moselle.

"On est cinq Françaises à pratiquer durant cette compétition, c'est génial", se réjouit Aude, qui loue la "super bonne entente" entre les concurrentes.

- Hache en cadeau de Noël -

Parmi elles, Julia Barwicki, 21 ans mais déjà une longue pratique.

"J'ai commencé à mes 15-16 ans, on m'a offert une hache à Noël, et du coup j'ai commencé grâce à ça" raconte la jeune femme originaire de Sainte-Croix-aux-mines, une ville du Haut-Rhin située dans une vallée vosgienne.

Seule femme de son club, elle s'entraîne au moins une fois par semaine, un passe-temps qui surprend parfois ses interlocuteurs.

"Sur le coup, ils ne me croient pas vraiment, ils ne pensent pas que je suis capable de faire ça, surtout une femme, et de mon gabarit", dit cette brune d'1m64 pour 54 kilos, qui confie sa "fierté" de leur prouver le contraire.

Maëva Jaffré, 24 ans, qui vient du Finistère, savoure elle "l'adrénaline" de son premier championnat.

Educatrice, la jeune femme a découvert cette pratique atypique par le biais de son conjoint, qui a créé un club de bûcheronnage sportif en 2022 au lycée forestier et agricole du Nivot, à Lopérec.

Fine et fluette, la Bretonne détonne à côté des gros bras qui s'affrontent dans la catégorie masculine.

- Petit gabarit, grandes ambitions -

"Je fais 1m58 et 50 kilos, donc c'est sûr que c'est un petit gabarit et je n'ai pas plus de force que ça dans les bras, donc j'essaie de miser sur la précision le plus possible", explique la jeune femme.

Ce qu'elle préfère c'est l'Underhand Chop, une épreuve dans laquelle il faut se tenir debout sur un tronc de bois placé horizontalement, et le découper par les deux côtés avec une hache.

Si elle arrive cette fois-ci à la dernière place du championnat, Maëva compte bien "dans quelques années peut-être avoir le titre de championne de France".

"J'espère aussi que les filles vont de plus en plus venir nous rejoindre dans la compétition", ajoute-t-elle, soulignant que c'est un sport "super au niveau de la confiance en soi".

Créées en 1985 aux Etats-Unis, les compétitions Stihl Timbersports sont arrivés en Europe en 2000. Les championnats se déroulent sur quatre continents et comptent environ 2.000 participants de plus de 20 pays.

En France il existe aujourd'hui neuf clubs de bûcheronnage sportif, pour environ 150 licenciés, explique Chantal Renault, coordinatrice des événements Timbersports en France.

"En France, on avait peu de féminines et puis elles avaient du mal à vraiment performer au niveau européen et international. Mais voilà, elles s'entraînent beaucoup", décrit Mme Renault. "Le but, c'est qu'elles puissent très rapidement jouer un rôle dans les compétitions internationales".