La Compagnie Montagne d'Or (CMO), critiquée pour son projet minier en Guyane, a annoncé vendredi des "modifications d'ampleur" afin de "réduire au maximum les impacts sur l'environnement".
"Tirant les enseignements du débat public organisé en Guyane, CMO a décidé de poursuivre son projet en y apportant des modifications d'ampleur et des améliorations significatives pour réduire au maximum les impacts sur l'environnement et maximiser les retombées économiques et sociales pour le territoire", a précisé la société dans un communiqué.
"La CMO a adhéré, comme elle s'y était engagée, au Code international de gestion du cyanure", elle "privilégiera la production d'énergie sur le site de manière à éviter la construction d'une ligne électrique de 90.000 volts et réduire l'étendue des zones à défricher" et "donnera la priorité aux énergies renouvelables avec notamment un recours à l'énergie solaire", a-t-elle détaillé.
Un rapport commandé par le WWF France avait sévèrement critiqué en début de semaine le plus grand projet de mine d'or à ciel ouvert à l'étude en France, en remettant en cause les perspectives économiques espérées et l'impact environnemental sur l'écosystème local.
"Ce sont des modifications cosmétiques", a réagi vendredi Pascal Canfin, directeur général de WWF France. "Le gouvernement "doit arrêter ce projet, le moyen le plus simple est de ne pas renouveler l'autorisation de concession qui s'arrête en décembre", a-t-il ajouté.
Même sentiment du côté du collectif "Or de question" qui a signé un communiqué de presse avec France Libertés, Nature Rights et la jeunesse autochtones de Guyane. Ils "dénoncent des ajustements superficiels et dérisoires".
Columbus gold et Nordgold, qui portent ce projet minier à Saint-Laurent-du-Maroni, avaient promis jusqu'ici de "développer l'économie guyanaise" avec "750 emplois directs et 2.500 indirects" et plus de 300 millions d'euros d'impôts et taxes en 12 ans d'exploitation.
Montagne d'or est soutenu localement par le Medef, la chambre de commerce et d'industrie, une partie des élus dont le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre.
La CMO s'est engagée à "contribuer à la création d'un fonds de développement et de diversification de l'économie de la Guyane", à "atteindre l'objectif de 90% d'emplois locaux" et envisage "une prolongation de la durée de vie au-delà des douze années prévues à ce stade".
WWF conteste l'utilisation de cyanure, un composant chimique qui peut se révéler toxique, ainsi que les promesses d'embauches locales, se basant sur l'exemple de la Guinée où Nordgold exploite une mine d'or. L'ONG critique aussi l'usage d'énergie solaire qui servirait uniquement au projet minier et pas à la population.
Le collectif Or de question se dit "sceptique quant à la possibilité de produire 20 mégawatts grâce à l'énergie solaire" et redoute "un emploi massif d'énergie fossiles pour assurer l'alimentation du site."
Le collectif estime aussi qu'il n'y a "toujours aucune réponse" apportée sur "la gestion des 300 millions de tonnes de déchets miniers, le drainage minier acide des 200.000 tonnes de métaux lourds et toxiques, les 50 millions de tonnes résidus cyanurés, la consommation de 470.000 litres d'eau par heure, l'utilisation de 10 tonnes de cyanure et de 18 tonnes d'explosifs par jour".
En juillet, le gouvernement avait annoncé la création d'une commission interministérielle pour évaluer les "impacts" environnementaux et économiques de Montagne d'or.
Le rapport, annoncé pour septembre mais qui n'est pas encore paru, doit aider le gouvernement à se positionner avant la fin de l'année sur le projet.