Guyane: le gouvernement toujours opposé au projet Montagne d'or (Borne)

L'avis attendu en Guyane sur une éventuelle prolongation de la concession de la Montagne d'or, "ne changera rien" à la décision du gouvernement de refuser ce projet très controversé, a souligné mercredi la ministre de l'Environnement Elisabeth Borne.

La demande de prolongation pour 25 ans de la concession de la société Montagne d'Or doit être examinée mercredi en Guyane par une commission départementale des mines (composée de représentants de l'État, d'opérateurs miniers, d'associations environnementalistes, d'élus).

Mais l'instruction du dossier a finalement été "ajournée", ont indiqué mercredi plusieurs membres de la commission à l'AFP, à l'issue de la séance. Aucune explication n'a été donnée par la préfecture sur l'ajournement.

Selon le collectif Or de Question, qui rassemble des associations de défense de l'environnement locales et nationales, la demande de prolongation de la concession devait être présentée à cette commission "avec un avis favorable des services de l'Etat".

Mais dans un tweet, Mme Borne a souligné mercredi que la position du gouvernement, qui a abandonné le projet fin mai en le jugeant incompatible avec les exigences de protection de l'environnement, n'avait pas changé.

"Notre position est claire: le projet #MontagnedOr est incompatible avec nos exigences environnementales, le gouvernement y est opposé. L'avis de la commission des mines de Guyane ne peut en aucun cas autoriser des travaux d'exploitation, il ne changera rien à notre décision."

La ministre répondait à un message Twitter du député européen EELV Yannick Jadot qui interpelle directement le président Emmanuel Macron: "après avoir dénoncé l'irresponsabilité de #Bolsonaro en Amazonie, quelle instruction avez-vous donnée à votre Préfet sur la prolongation de ces concessions minières destructrices?".

A l'issue de l'ajournement de la décision, l'association Guyane nature environnement, qui siège en commission, s'est dit "satisfaite" de cette décision. "L'ajournement montre qu'il y a un souci de procédure, puisqu'il y a actuellement un contentieux devant le tribunal administratif".

Deux recours ont en effet été déposés devant le tribunal administratif de Cayenne par la compagnie Montagne d'or, car le renouvellement par l'État de la concession aurait dû avoir lieu avant le 21 janvier 2019.

Suite aux propos d'Elisabeth Borne, la fédération des opérateurs miniers de Guyane a de son côté regretté que le dossier soit "enterré alors qu'il n'est pas passé en commission des mines".

Porté par un consortium russo-canadien, Nordgold-Columbus Gold, le plus grand projet d'extraction d'or primaire jamais proposé en France prévoyait une exploitation minière de 8 km2 à ciel ouvert, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, en forêt équatoriale.

Les soutiens du projet mettent en avant la promesse de création de 750 emplois directs et 3.000 emplois indirects, sur un territoire frappé par un fort taux de chômage (22%), un taux de pauvreté très élevé (42%), et une jeunesse qui se tourne de plus en plus vers le trafic de drogue.

A l'inverse, ses opposants dénoncent la déforestation, la proximité du site avec deux réserves biologiques, et s'inquiètent des millions de tonnes de déchets qui seront enfouis, des boues issues du processus pour détacher l'or de la roche avec du cyanure.

Une concession est un titre minier qui ne permet pas à lui seul l'exploration ou l'extraction d'un gisement, lesquelles nécessitent obligatoirement une déclaration ou une autorisation. Si la concession devait être accordée, elle le serait par décret en Conseil d'État.

caz-abd-mb/ib

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