Grands corps administratifs: un manque à gagner de 276.600 euros pour les femmes après 30 ans de carrière (Insee)

Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes dans les grands corps administratifs de l'État se cumulent et se renforcent au fil du temps pour atteindre 276.600 euros après 30 ans de carrière, selon une étude publiée jeudi par l'Insee.

En dépit des dispositifs favorisant l'égalité salariale, les inégalités de salaire au sein des grands corps de l'État "se construisent dès le début de carrière, se cumulent et se renforcent avec le temps", d'après l'étude qui s'est penchée sur les salaires des diplômés dans les années 1980 des grandes écoles de formation des hauts fonctionnaires comme l'ENA (devenue INSP en 2021), l'École polytechnique, École nationale des ponts et chaussées ou encore l'école de l'Insee (Ensae).

Dans les corps administratifs (Conseil d'État, Cour des comptes, Inspection générale des finances, Inspection générale de l'administration ou des Affaires sociales), l'écart salarial moyen au détriment des femmes atteint "un maximum de 14% au bout de dix années de carrière puis diminue légèrement, de manière concomitante avec les départs de la fonction publique d'État plus fréquents et précoces parmi les hommes" qui vont davantage travailler dans le secteur privé.

Cet écart est "en majeure partie imputable aux plus hautes rémunérations", avec des nominations sur les postes les mieux rémunérés "auxquelles les femmes accèdent moins souvent que les hommes", selon cette étude.

L'écart est moindre dans les grands corps techniques (ingénieurs et administrateurs de l'Insee) avec 162.900 euros de manque à gagner sur 30 ans pour les femmes.

Dans ces grands corps techniques, "l'écart se creuse rapidement pour les mieux rémunérés" et atteint son maximum au bout de 18 ans de carrière, au moment où les 10% d'hommes les mieux rémunérés gagnent au moins 10.231 euros, contre 8.410 euros pour les femmes, soit une différence de 18%.

Pour ces corps techniques, l'écart "disparaît progressivement après 25 ans de carrière, du fait de l'atteinte du dernier échelon au sein d'un grade, et de départs de la fonction publique".

Pour les hauts fonctionnaires techniques comme administratifs, "le seuil au-dessus duquel se situent les 10% des agents les mieux rémunérés (9e décile) concentre les disparités salariales liées au genre et est systématiquement plus élevé parmi les hommes".

La parité dans les grands corps de l'État au moment du recrutement est en outre loin d'être atteinte avec une proportion de femmes qui "stagne depuis la fin des années 2000 et oscille ainsi entre 31% et 40% au sein des corps administratifs, et entre 25% et 36% au sein des grands corps techniques, conclut l'Insee.