"Grand débat": le Secours catholique plaide pour une hausse des minima sociaux

Les minima sociaux devraient être augmentés pour permettre aux plus précaires de vivre au moins au niveau du seuil de pauvreté, plaide le Secours catholique, dans une contribution au "grand débat national" élaborée à partir de quelque 150 rencontres qu'il a lui-même organisées.

"Pour en finir avec la pauvreté" et "permettre à tous de vivre décemment", un "socle de base, ou revenu décent garanti", devrait atteindre le seuil de pauvreté (60% du revenu médian, soit 1.026 euros pour une personne seule), plaide l'organisation caritative.

Cette proposition figure dans un rapport de synthèse de la vaste consultation menée par le Secours catholique dans 60 départements, auprès de quelque 3.000 personnes qu'elle aide au quotidien.

"À tout le moins, dans l'immédiat, le RSA doit être porté à 50% du revenu médian", soit 855 euros pour une personne seule, selon l'organisation caritative. Le RSA atteint aujourd'hui 551 euros par mois pour une personne seule.

L'idée de cette consultation, organisée en janvier et février, était de donner la parole à cette frange de la population souvent très éloignée de l'emploi, et dont une partie considère vivre dans des conditions plus difficiles encore que celles des "travailleurs pauvres" qui forment le gros des bataillons des gilets jaunes.

"Le risque, c'est qu'il y ait des mesures ciblées pour les gens qui travaillent, et que les autres décrochent encore plus", a dit à l'AFP Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique, qui doit remettre ce rapport vendredi au Premier ministre.

D'ailleurs, observe-t-elle, depuis le début de la crise des gilets jaunes les bénéficiaires du RSA n'ont pas obtenu "un centime de plus" de la part de l'exécutif.

Or, "quand on a 550 euros par mois, on passe son temps à chercher de l'aide, et on n'a pas l'esprit disponible pour chercher un emploi ou une formation professionnelle", selon Mme Fayet.

"Cette question doit être posée dans le débat public, car il y a des niveaux revenus qui sont indignes, qui ne sont pas des revenus de vie mais de survie".

"Une grande souffrance" et "peu d'espoir en des lendemains meilleurs" émanent par ailleurs des débats organisés auprès des plus pauvres, qui racontent devoir vendre des meubles "pour payer la cantine" ou "ne chauffer que la chambre des enfants".

Les personnes consultées ont par ailleurs plaidé pour une fiscalité écologique qui ne soit "pas une punition pour les pauvres" - via une taxe qui serait "remboursée" aux moins aisés.

Le rapport suggère également le développement, partout sur le territoire, de "maisons des services au public", afin de contrer les effets de la "fracture numérique" qui empêche les laissés-pour-compte de l'internet d'accéder aux démarches administratives du quotidien.