Grand débat à l'Assemblée: "enfin!" disent les oppositions, mais sans "illusions"

"Date de péremption dépassée", "mascarade", "gain de temps": les oppositions avaient "peu d'illusions" mardi sur l'utilité des débats sur le grand débat pendant deux jours à l'Assemblée nationale, même si elles comptent utiliser cette "petite fenêtre" pour avancer leurs propositions.

Après les deux mois du grand débat national et en attendant les choix de l'exécutif, les députés doivent s'emparer à partir de mardi après-midi des thèmes de la consultation: transition écologique, fiscalité, démocratie, services publics.

Le chef de file des députés LR, Christian Jacob, a regretté auprès de l'AFP des discussions sans vote et "sans aucune proposition concrète" du gouvernement, dénonçant une volonté de l'exécutif de "gagner du temps" et d'"enjamber" les élections européennes.

"Tout le monde en a ras-le-bol de ce grand débat" et les Français attendent l'"arrêt du matraquage fiscal tous azimuts" sur les classes moyennes et les retraités, selon lui.

La présidente du groupe PS Valérie Rabault estime aussi que "l'exécutif joue les prolongations": "on ne sait pas trop comment cela va se concrétiser".

Les députés ne sont pas là pour "servir d'acteurs à la mascarade du gouvernement orchestrée par le président de la République qui s'en sert pour faire campagne aux élections européennes", a critiqué sur LCI la présidente du RN Marine Le Pen.

Les communistes comptent utiliser cette "petite fenêtre" offerte "enfin", mais avec "peu d'illusions sur la capacité du gouvernement à entendre réellement les aspirations populaires". Pour Sébastien Jumel, la séquence risque de renforcer "le sentiment d'inefficacité de l'Assemblée", ce qui est sans doute "voulu".

Il dénonce un grand débat qui a "largement dépassé la date de péremption du 15 mars", son collègue Pierre Dharréville ajoutant que le président aura du mal "à faire re-rentrer le dentifrice dans le tube".

"Il risque d'y avoir beaucoup de bonnes solutions" dans l'hémicycle mais "on n'est pas dans une phase de décision", a reconnu Laurent Garcia (app MoDem).

Les députés LREM vont "ouvrir quelques pistes", "cela n'est en aucun cas un contrat de gouvernement ou un programme", a averti leur patron Gilles Le Gendre.

Président des UDI-Agir, Jean-Christophe Lagarde veut que l'exécutif tranche pour mettre fin au "concours Lépine des bonnes idées". Il espère que la majorité, qui n'a pas écouté les "alertes sur la CSG, les 8O km/h ou la fracture territoriale", "sera moins sourde".

Mais il s'inquiète d'entendre "une petite musique" gouvernementale selon laquelle "il ne faudrait pas en attendre de grands changements".

Dans Les Echos de mardi, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) juge qu'il faut "faire les choses dans l'ordre", la restitution des contributions des Français étant prévue le 8 avril. "Il faudra ensuite poser le bon diagnostic. Cela va prendre du temps".

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