Grains de beauté montrés en pharmacie: polémique chez les dermatos

Les dermatologues sont divisés sur l'initiative d'une chaîne de pharmacie pour montrer ses grains de beauté, soutenue par les uns, jugée contre-productive par les autres.

Depuis début juin, Pharmabest permet de faire photographier ses grains de beauté pour l'instant dans trois officines, à Paris, Marseille et Alès (Gard).

Le cliché, pris par un appareil appelé dermatoscope, est examiné à distance par un dermatologue, qui envoie son diagnostic au patient. Cela coûte 28 euros, non remboursés, alors qu'une consultation chez le dermatologue l'est.

La Société française de dermatologie (SFD), la Fédération française de formation continue en dermato-vénéréologie (FFFCEDV) et le Collège des enseignants en dermatologie de France (CEDEF) ont condamné lundi dans un communiqué commun "une initiative conçue par un groupement pharmaceutique privé et ne s'appuyant que sur un tout petit nombre de dermatologues".

Selon le président de la SFD, Pascal Joly, "quatre dermatologues, sur 4.000 en France, y sont associés".

"Ce dispositif, par sa taille, n'aura aucun bénéfice pour la santé publique. Pire, c'est potentiellement dangereux, parce que les gens vont montrer des lésions spectaculaires, or souvent les mélanomes n'en sont pas. Ils risquent d'être faussement rassurés", a-t-il expliqué à l'AFP.

Mais face à cette société scientifique et ces deux organisations de formation, l'organisation professionnelle des dermatologues soutient pour sa part l'expérimentation de Pharmabest.

"Il ne s'agit pas de diagnostiquer ni de dépister, mais de donner son avis sur la lésion qui inquiète, et surtout, d'inciter à se faire dépister dans un cabinet de dermatologue", a déclaré à l'AFP le vice-président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues, Marc Perrussel.

"Le message qui sera envoyé sera de dire: montrez la totalité de votre épiderme à un médecin, car c'est très important de le faire", a-t-il ajouté.

Les cancers de la peau sont de plus en plus fréquents en France, avec un nombre de nouveaux cas qui a triplé entre 1980 et 2012, selon l'Institut national du cancer. Près de 1.800 meurent chaque année après un mélanome cutané.

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