Glyphosate, stocks de lait: "Bruxelles n'est pas Moscou" (commissaire européen)

"Bruxelles n'est pas Moscou": pour le commissaire européen Vytenis Andriukaitis, chargé de la Santé, de la Sécurité alimentaire et de la lutte contre le gaspillage, chaque pays européen peut décider seul de ne pas utiliser de glyphosate ou de donner ses stocks de lait à des ONG.

Interrogé au salon de l'Agriculture sur l'avenir des stocks européens de poudre de lait entreposés depuis la crise de surproduction en 2015, qui pèsent sur les cours, le commissaire a renvoyé à Paris la responsabilité de les donner ou non à des organismes humanitaires, comme le demandent les éleveurs français.

Les instruments de la régulation du marché, comme les infrastructures de stockage, sont au niveau des Etats membres, pas de Bruxelles, a répondu à l'AFP ce commissaire né en 1951 en Union Soviétique.

"L'UE est un organe de régulation", a-t-il dit, "nous n'avons pas d'infrastructures de stockage, de machines, de distribution, ils sont en France, en Allemagne, partout (...) L'UE fournit des facilités aux Etats membres pour stocker de la poudre de lait, mais cela reste au niveau des Etats membres."

"Si la France décide de lancer un programme humanitaire, elle peut le faire, cela ne relève pas d'une compétence européenne. Cela n'est pas comme l'Union soviétique, nous n'avons pas de gouvernement central comme à Moscou", a noté le commissaire.

Les producteurs laitiers français ont demandé le 24 janvier à la Commission européenne de se débarrasser rapidement de ses 380.000 tonnes de poudre de lait écrémé, accumulées depuis juillet 2015 pour tenter de soutenir des prix qui étaient alors en chute libre après la levée des quotas laitiers au sein de l'Union.

Mais ces stocks contribuent aujourd'hui à la pression à la baisse sur les prix. Les éleveurs français souhaitent donc donner ce lait à l'aide alimentaire ou au secteur de l'alimentation animale, en particulier porcine. Jusqu'à présent, aucune décision en ce sens n'a toutefois été prise.

- Glyphosate: une 'bataille politique' -

Le discours du commissaire va dans le même sens sur un autre sujet touchant à l'agriculture: l'utilisation ou non de l'herbicide controversé glyphosate.

"L'UE a autorisé le glyphosate pour cinq ans et l'étape suivante sera la possibilité pour des producteurs (de produits phytosanitaires, NDLR) de présenter à l'UE" des produits nouveaux, a-t-il rappelé. Une "évaluation en sera faite pour savoir si une autorisation peut être délivrée ou non" pour ces nouveaux produits.

M. Andriukaitis, un chirurgien lituanien, a souligné que chaque Etat membre pouvait décider, dans les limites des repères de durabilité imposés par Bruxelles, "de la façon dont il gère les pesticides".

Car "chaque pays a des conditions géographiques, climatiques différentes et des agricultures différentes", a-t-il relevé.

Il a souligné que dans trois pays sur les 28, le sujet du glyphosate était "haut dans l'agenda": Autriche, Allemagne et France.

"Ce sont plus ou moins des batailles politiques, pas des batailles scientifiques", a-t-il jugé, estimant que ce n'était pas à lui de "discuter de problèmes politiques avec les Etats membres".

"Vous risquez de tuer votre agriculture si vous ne suivez pas les conseils scientifiques afin de protéger vos récoltes des ravageurs", a-t-il encore lancé.

"L'agriculture biologique aussi utilise des pesticides", a-t-il ajouté, renvoyant dos-à-dos les produits phytosanitaires issus de la chimie de synthèse et les pesticides naturels utilisés dans l'agriculture biologique comme le cuivre, un argument utilisé par les lobbies de la chimie.

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