Glyphosate prolongé cinq ans: "scandalisées", des ONG appellent la France à agir

L'Union européenne, en autorisant pour cinq ans de plus le glyphosate, a "balayé le principe de précaution et la santé du revers de la main", ont dénoncé lundi Générations futures, Foodwatch et la Ligue contre le cancer, "scandalisées" et appelant le gouvernement français à agir de son côté.

"En accordant un sursis supplémentaire à Monsanto, Bayer et compagnie, la Commission européenne balaie le principe de précaution et la santé du revers de la main, de même que la voix des millions de citoyens qui ne veulent plus de l'herbicide le plus controversé de la planète", dénoncent-elles dans un communiqué commun.

"Tout convergeait vers une interdiction: la pression des citoyens, de nombreuses organisations dont des associations d'anciens agriculteurs malades, des députés français et européens, le scandale des +Monsanto papers+ (documents internes révélés à l'occasion d'un procès aux Etats-Unis, ndlr), la polémique autour de l'évaluation scientifique... Cela n'aura pas suffi", regrettent-elles également.

Les Etats membres de l'UE ont voté en faveur d'une nouvelle autorisation de l'herbicide pour cinq ans, après un vote favorable de 18 pays dont l'Allemagne, neuf oppositions et une abstention. La France avait annoncé son intention de voter contre.

Pour Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France, "c'est une fuite en avant": "Le fait d'aller vers une sortie n'est pas du tout acté! On aurait voulu que la décision soit prise avec un plan d'accompagnement, mais là on renouvelle pour 5 ans et après on verra! Ce qui veut dire qu'on en prend en fait pour bien plus de cinq ans!"

"C'est tout simplement scandaleux et la preuve, une nouvelle fois, que le travail de sape de Monsanto, comme on a pu le voir avec les Monsanto papers, l'emporte sur le principe de précaution", a réagi Greenpeace, appelant "la France et le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot à mettre en place un plan de transition pour les agriculteurs français, avant la fin du quinquennat".

C'est "une erreur historique de l'Europe mais la France peut encore montrer l'exemple", estime la Fondation pour la nature et l'homme. "La clôture des États généraux de l'alimentation, à la mi-décembre, est une excellente occasion pour enclencher en France une sortie progressive des pesticides, qui doit être adossée à un plan d'accompagnement massif des agriculteurs", ajoute l'ex-Fondation Hulot, qui appelle à "une agriculture plus dense en savoirs et moins dense en chimie".

"Il est toujours possible pour un pays (d'interdire) une matière active autorisée en Europe, il faut simplement le justifier auprès de l'UE", explique François Veillerette, porte-parole de Générations futures. "La France doit être à la hauteur de sa promesse, on sera vigilant à ce que ne soit pas une parole en l'air".

Les associations appellent aussi à la révision du système européen d'homologation des pesticides.

"Le feuilleton du glyphosate depuis deux ans, les scandales à répétition ont éclairé les défauts du système et mis en lambeaux la confiance du public dans les procédures d'homologation. Donc maintenant ça suffit. L'homologation des pesticides ne pourra plus se passer comme avant", demande M. Veillerette.

Le glyphosate, principe actif du Roundup de Monsanto, fait l'objet d'une âpre bataille depuis son classement parmi les cancérogènes probables en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (agence de l'OMS). L'Efsa, agence européenne de la sécurité alimentaire, est arrivée à la conclusion inverse. Des scientifiques et ONG ont cependant dénoncé une évaluation "biaisée" car basée sur des rapports fournis par les industriels.

"On en reprend tous pour cinq ans, paysans, consommateurs", a tweeté l'eurodéputé écologiste José Bové, estimant que "Bayer et Monsanto ont réussi à tordre le bras à Mme Merkel".

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