La gauche et les écologistes ont dénoncé jeudi la décision de la Commission européenne de renouveler pour 10 ans l'autorisation du glyphosate, herbicide controversé classé cancérigène probable, accusant le gouvernement français d'avoir permis ce choix par son abstention.
"Nouvelle victoire des lobbies à Bruxelles. Malgré les alertes répétées des scientifiques sur les risques sanitaires et environnementaux du glyphosate, son autorisation a été renouvelée pour 10 ans dans l'UE. La France s'est abstenue. La honte Christophe Bechu", a réagi sur le site X (ex-Twitter) la cheffe d'EELV Marine Tondelier, en s'adressant au ministre de la Transition écologique.
"Le gouvernement aurait pu envoyer un signal fort en votant contre. Il s'est abstenu. Leur responsabilité est entière", a insisté la tête de liste des écologistes aux prochaines élections européennes, Marie Toussaint.
"De renoncement en renoncement, d'hypocrisie en trahison, Emmanuel Macron ne s'est pas opposé" à cette décision, a également déploré le patron du PS Olivier Faure.
Le chef de l'Etat s'était engagé en novembre 2017 pour une interdiction du glyphosate "au plus tard dans trois ans". Il avait reconnu en décembre 2020 ne pas avoir réussi à tenir sa promesse, plaidant un échec "collectif".
Le gouvernement français n'a pas voté contre la proposition de la Commission, argumentant depuis plusieurs mois qu'il ne pouvait y avoir d'interdiction sans solution alternative.
Paris avait demandé à Bruxelles d'inclure plusieurs mesures visant à restreindre l'usage de l'herbicide, mais elles n'ont pas été retenues.
La France "a en quelque sorte donné son accord pour que le glyphosate puisse continuer de nous empoisonner", a déclaré la présidente des députés insoumis, Mathilde Panot, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale, jugeant que le chef de l'Etat donnait "des permis de tuer aux entreprises, à Bayer-Monsanto en l'occurrence".
Sur France bleu, le secrétaire national du parti communiste, Fabien Roussel, a vu dans la décision européenne "la démonstration qu'on a besoin de rompre avec cette Europe anti-démocratique et ultralibérale".
Paris a restreint ces dernières années les usages du glyphosate dans le pays, l'interdisant notamment aux particuliers et aux collectivités ou encadrant les doses utilisées par les agriculteurs.