L'ancienne ministre de l'Environnement Ségolène Royal a exhorté jeudi les députés de la majorité (République en marche et MoDem) à l'Assemblée nationale à adopter le gel de la hausse de la taxe sur les carburants voté lundi par le Sénat, en pleine crise des "gilets jaunes".
"J'ai une proposition assez simple à faire: puisque le Sénat a voté l'annulation des taxes, ce texte va revenir à l'Assemblée nationale. Il faut que les députés de la majorité prennent leurs responsabilités, leur liberté d'élu, leur conscience d'élu, et quoi que dise leur gouvernement, puissent aussi voter comme le Sénat l'arrêt de ces taxes", a déclaré Mme Royal sur BFMTV.
"On ne va pas mettre le pays à feu et à sang uniquement parce qu'une poignée d'hommes ont décidé de prendre une décision, de s'y tenir, de fermer les yeux, de se mettre la tête sous le sable et de ne pas reculer, en plaçant leur virilité mal placée dans une posture tellement connue, tellement vue au cours des années passées où on ne bouge pas parce que c'est pire de reculer", a développé l'ancienne ministre socialiste.
Le Sénat, à majorité de droite, a voté lundi le gel de la hausse de la taxe sur les carburants, dans le cadre de l'examen du projet de budget 2019. Les sénateurs ont approuvé un amendement de la commission des Finances, qui revient à geler les tarifs à compter du 1er janvier 2019. Soit à supprimer la nouvelle hausse en 2019 de 3 centimes sur l'essence et 6 centimes sur le diesel, et au total pour 2022 10 centimes sur l'essence et 19 centimes sur le diesel.
Plusieurs voix, au sein de la majorité, ont plaidé pour une pause dans la hausse prévue le 1er janvier et confirmée cette semaine par l'exécutif, notamment les députés (La République en marche) Brigitte Bourguignon, Patrick Vignal ou encore Bertrand Sorre, qui a écrit en ce sens à M. Macron.
Alors que des "gilets jaunes" appellent à une nouvelle manifestation samedi, notamment sur les Champs-Elysées, et qu'une délégation doit être reçue vendredi par Edouard Philippe, "il faut une annonce avant samedi sur le retrait de ces taxes", a prôné Mme Royal.
"Sinon... Vous savez, il y a déjà eu deux morts et 600 blessés. C'est plus qu'à NDDL en dix ans de conflit. Et on fait comme si rien ne s'était passé dans la rue ?", a-t-elle ajouté.