"Gilets jaunes": l'opposition accuse le gouvernement de vouloir décrédibiliser le mouvement

Les partis d'opposition soutenant les "gilets jaunes", Marine Le Pen en tête, ont accusé samedi le gouvernement de vouloir réduire le mouvement à des violences de "l'ultradroite" pour le décrédibiliser et rester sourd à leurs revendications.

Si la mobilisation a connu samedi en France un "fort affaiblissement" par rapport à celle du 17 novembre, selon le ministère de l'Intérieur, Christophe Castaner a fustigé des "séditieux" de "l'ultradroite" qui "ont répondu à l'appel notamment de Marine Le Pen" à défiler sur les Champs-Elysées où des heurts ont opposé les forces de l'ordre à des "gilets jaunes".

Marine Le Pen a aussitôt répliqué sur LCI qu'elle n'avait "jamais appelé à quelque violence que ce soit" et a accusé à son tour le gouvernement d'"organiser la tension".

La présidente du Rassemblement national (RN, ex FN), qui ne manifestait pas mais soutient le mouvement auquel se sont joint cadres et élus du parti, s'était étonnée vendredi qu'on n'autorise pas les "gilets jaunes" à défiler sur les Champs-Elysées, après l'interdiction d'un rassemblement place de la Concorde.

- "Caricaturer" -

La finaliste de la présidentielle 2017, dont le parti est au coude-à-coude avec LREM dans les sondages pour les élections européennes de mai, considère que le gouvernement veut faire d'elle un "bouc émissaire".

Le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan -- dont l'un des adhérents Frank Buhler accusé de propos racistes et exclu du RN en juin, est l'un des initiateurs du mouvement -- a estimé que "les petites polémiques sur 15 imbéciles aux Champs-Elysées ne concernaient pas les Français".

"C'est quand on est injuste, arrogant, méprisant comme l'est Emmanuel Macron que le désordre arrive", a déclaré sur TF1 l'ancien allié de Marine Le Pen à la présidentielle, fustigeant "une immense manipulation qui vise à discréditer ces femmes et ces hommes (...) qui ne peuvent plus vivre de leur travail".

S'adressant à Emmanuel Macron et Christophe Castaner, le premier vice-président des Républicains Guillaume Peltier a jugé "tellement facile de stigmatiser les gilets jaunes, de minimiser leur colère et de réduire ce mouvement à certains agissements inadmissibles".

"Ça vous arrange de caricaturer, ça ne vous dispense pas de nous écouter. Au travail, messieurs", a-t-il ajouté sur Twitter, tandis que chef LR Laurent Wauquiez, qui avait manifesté samedi dernier, n'a fait aucun commentaire et n'a pas défilé.

- "Verticalité" -

A gauche, le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui traverse une mauvaise passe depuis les perquisitions à son domicile et au parti, a rejeté la volonté, selon lui, de M. Castaner de faire croire que "la manifestation des gilets jaunes soit d'extrême droite et peu nombreuse. La vérité est que c'est la manifestation massive du peuple. Et ça, c'est la fin pour Castaner", a-t-il tweeté alors qu'il participait à une autre manifestation contre les violences faites aux femmes.

"Quand un mouvement est soutenu par les 3/4 des Français on lui répond, on ne cherche pas à le résumer à une poignée de casseurs", a estimé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. "Ce n'est pas en désignant ceux qui à l'ultradroite cherchent à récupérer le mouvement des gilets jaunes que le gouvernement stoppera la colère".

"Le gouvernement a joué la verticalité" en contournant syndicats et élus, selon le député socialiste. Pour lui, le président, qui doit présenter mardi un "cap" pour la transition écologique, "doit s'exprimer d'urgence sur le pouvoir d'achat".

Pour Fabien Roussel, qui doit devenir dimanche secrétaire national du PCF, le gouvernement porte une "responsabilité" dans les violences. "Il joue le pourrissement".

Pour la majorité, le chef de file des députés LREM Gilles Le Gendre a réclamé "l'extrême fermeté" pour les "casseurs de l'extrême droite" qui "salissent injustement le mouvement des gilets jaunes", dont il a souhaité être davantage "à l'écoute".

Selon le groupe LREM, une dizaine de permanences au total ont subi des actions diverses de "gilets jaunes", et plusieurs dizaines de parlementaires ont reçu des menaces sur les réseaux sociaux.

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