"Gilets jaunes": les syndicats tentent de se faire entendre par Macron

Restés en retrait du mouvement des "gilets jaunes", les syndicats multiplient les propositions pour sortir de la crise, d'un "pacte social" à une hausse du Smic et un moratoire sur les taxes, mais celles-ci sont pour l'heure largement inaudibles.

Conviés mardi à l'Élysée pour entendre Emmanuel Macron expliquer les mesures visant à taire la colère des "gilets jaunes", les syndicats, qui s'estiment malmenés depuis le début du quinquennat, vont s'y rendre avec circonspection.

Peu rancunier, Laurent Berger (CFDT) se rendra à ce rendez-vous huit jours après avoir reçu une fin de non-recevoir initiale de la part d'Édouard Philippe sur sa demande de construction d'un "pacte social" de la transition écologique.

Devant la poursuite du mouvement des "gilets jaunes", l'exécutif semble finalement vouloir aller dans le sens de la CFDT et s'appuyer sur les corps intermédiaires pour sortir de la crise, l'Élysée allant jusqu'à reprendre le terme "pacte social".

S'il y a encore "beaucoup d'inconnues" sur ce pacte qui doit être développé mardi par le président de la République, Laurent Berger propose quelques pistes. Parmi elles, la mise en place de nouvelles aides pour les transports domicile-travail, comme la prise en charge des déplacements à 50% par l'employeur hors Île-de-France ou le développement de billets permettant d'utiliser train, autobus et tram dans une même ville.

En outre, le leader syndical réclame du gouvernement qu'il explique "à quoi sert l'impôt, quel service public il finance". "C'est tout le problème de la taxe sur les carburants: le gouvernement ne dit pas à quoi elle sert". Et il insiste pour qu'elle finance la transition écologique et des mesures d'accompagnement.

Interrogateurs sur les modalités de la rencontre à l'Élysée, les syndicats espèrent pouvoir s'exprimer et ne pas être uniquement les réceptacles du discours d'Emmanuel Macron.

"On a des choses à dire", dit Philippe Louis, président de la CFTC, qui comprend l'"exaspération" des "gilets jaunes". Comme tous les syndicats, qui ont pourtant marqué leur distance avec ce mouvement.

La CFTC souhaite aussi un "accompagnement social" pour compenser la hausse de la taxe carbone, qui doit intégralement être dirigée vers la transition écologique.

- Gouvernement "au pied du mur" -

Yves Veyrier, le nouveau secrétaire général de Force ouvrière, sera aussi de la partie. Lui a demandé samedi un moratoire sur les taxes, le temps que se tiennent des négociations permettant de "généraliser la prime transport", actuellement soumise à une prise en charge facultative par l'employeur et exonérée de cotisations sociales dans la limite annuelle de 200 euros par salarié. Le numéro un de FO souhaite le relèvement de ce plafond d'exonération, tout en soulignant que la question "d'une augmentation des salaires tant dans le public que le privé demeure".

Quant à Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, il donnera sa décision sur sa participation lundi seulement en fin de journée, après la réunion hebdomadaire de son bureau confédéral.

Depuis le déclenchement du mouvement, en réponse aux problèmes de pouvoir d'achat des "gilets jaunes", le numéro un de la CGT réclame du gouvernement une augmentation du Smic à 1.800 euros brut mensuels. Indexé sur l'inflation, et actuellement à 1.498,47 euros, il doit être revalorisé le 1er janvier. Le Smic n'a pas reçu de "coup de pouce" depuis 2012, au lendemain de l'élection de François Hollande.

"Pourquoi, en termes de mesures pour aider le pouvoir d'achat, on n'annoncerait pas une augmentation de ce salaire minimum?", suggère Philippe Martinez.

Quant à François Hommeril, le numéro un de la CFE-CGC, il a décidé de snober l'évènement, un fait rare pour le syndicat des cadres. "Je n'irai pas, j'ai mieux à faire, on va encore avoir droit à un discours interminable où il va donner des leçons à tout le monde", a-t-il dit aux Échos.

Considérant qu'avec la crise des "gilets jaunes" le gouvernement "est au pied du mur", l'Unsa, qui sera présente mardi, regrette que la politique gouvernementale ait "laissé peu de place aux corps intermédiaires comme aux préoccupations sociales".