"Gilets jaunes" à La Réunion: affrontements autour du barrage du Grand port maritime

Les affrontements se poursuivaient lundi soir à La Réunion entre des "gilets jaunes" et les force de l'ordre, autour du barrage du Grand Port maritime de l'île, au 17e jour du mouvement social, a constaté une journaliste de l'AFP.

Alors que seuls deux ou trois barrages persistaient lundi sur le territoire, selon la direction régionale des routes, la situation est restée tendue toute la journée au niveau du Port-est, seul port marchand et poumon économique de La Réunion, bloqué depuis 15 jours.

Les "gilets jaunes" semblaient avoir dans un premier temps lundi matin délaissé le barrage, dont les forces de l'ordre ont pris possession en nombre, mais en début d'après-midi, environ deux cent "gilets jaunes" sont revenus et des affrontements ont eu lieu, notamment quand les forces de l'ordre ont détruit des "paillotes" installées par les manifestants depuis le début du conflit.

Parmi les manifestants se trouvaient beaucoup de jeunes sans gilet jaune.

Du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes ont été lancés par les forces de l'ordre, tandis que les manifestants ont répondu par des galets, des feux d'artifices et divers projectiles, a constaté l'AFP.

Quelque 350 à 400 personnes assistaient aux affrontements, sans toutefois y participer directement.

Plusieurs petits départs de feu ont été constatés dans la zone, et en fin de journée, une épaisse fumée noire se dégageait d'un bâtiment à proximité immédiate du Port-est.

Le préfet avait indiqué dimanche que le long blocage du port avait entrainé un "risque avéré de rupture d'approvisionnement concernant les biens d'alimentation de première nécessité, voire de nécessité vitale".

Selon la préfecture, "près d'un millier de containers dédouanés sont en attente de livraison : des produits frais, du blé pour les boulangeries, des matières premières destinées à la fabrication d'alimentation animale, des médicaments et du matériel médical à destination des centres hospitaliers et établissements accueillants des personnes âgées...".

Le Medef local a estimé à "plus de 300 millions les pertes d'exploitation" liées aux barrages.

Dans l'ensemble de l'île, les écoles et les commerces ont rouvert lundi, et les traditionnels embouteillages du centre de Saint-Denis étaient de retour lundi matin, a constaté la correspondante de l'AFP.

Les "gilets jaunes" se disent déterminés à poursuivre leur mouvement, mais certains ont indiqué leur volonté de se concentrer désormais sur les bâtiments administratifs. Une trentaine de personnes ont notamment bloqué lundi matin le conseil régional, sans incident. La région avait annoncé que le bâtiment serait fermé lundi.

Un barrage a aussi été monté devant l'université.

Dimanche, la ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui a passé trois jours sur place la semaine dernière et a multiplié les rencontres avec les manifestants, s'est entretenue depuis Paris par visioconférence avec une délégation de "gilets jaunes".

Ces derniers lui ont remis un "livre jaune", compilant une liste de revendications autour de cinq thèmes : la vie chère, l'emploi, le pouvoir d'achat, le manque de transparence et l'annulation de la dette fiscale des TPE et PME. Les échanges ont été retransmis à la télévision.