Des heurts ont opposé manifestants et forces de l'ordre pendant plusieurs heures samedi à Toulouse, où plusieurs milliers de personnes et "gilets jaunes" refoulés hors du centre-ville à coups de gaz lacrymogènes ont jeté des projectiles et érigé des barricades, la préfecture annonçant 12 blessés, dont 4 policiers.
Selon la préfecture, quelque 5.500 personnes ont défilé dans Toulouse, sur les 6.600 recensées en Haute-Garonne. 38 personnes ont été interpellées suite à des violences contre des policiers ou en possession de différentes armes (bombes incendiaires, armes blanches, marteaux, gourdins, liquides inflammables).
Des incidents ont eu lieu en différents endroits de la Ville rose avec "des jets de projectiles à l'encontre des forces de l'ordre, des incendies de poubelles, des dégradations de mobiliers urbains et des barricades érigées sur certaines voies de circulation. Au moins deux magasins et agences ont été pillés et saccagés", indique un communiqué de la préfecture.
Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a confié à l'AFP s'être "infiltré, un peu camouflé" parmi les manifestants dans le quartier de Saint-Cyprien, où il a été "effrayé par cette violence absolue, il n'y a plus de revendication, c'est la violence pure".
"J'ai vu pour la première fois l'extrême gauche et l'extrême droite main dans la main, côte à côte", a-t-il également déclaré, "ça fait froid dans le dos".
Au début de la manifestation, dans le quartier de Compans-Cafarelli, où tous les magasins avaient baissé leurs rideaux, le cortège des "gilets jaunes" a rejoint la marche pour le climat et un rassemblement de la CGT. Les forces de l'ordre ont peu à peu repoussé les manifestants de l'autre côté de la Garonne dans un épais nuage de gaz lacrymogènes, ont constaté un journaliste et un photographe de l'AFP.
Des manifestants ont alors jeté toutes sortes de projectiles, canettes, cailloux ou bouteilles, sur les forces de l'ordre, celles-ci répliquant par des jets de grenades de gaz lacrymogène sur la foule. Ils ont également enflammé des poubelles, renversant des conteneurs de récupération de verre pour s'emparer de projectiles, et érigeant des barrages, notamment sur la voie longeant le canal du Midi en plein coeur de Toulouse.
Les trois ponts qui enjambent la Garonne vers la rive gauche étaient bondés de manifestants dans un épais nuage de fumées âcres et irritantes, a constaté l'AFP.
Une fois repoussés sur la rive gauche, une partie des manifestants s'est rassemblée dans le quartier de Saint-Cyprien tandis qu'une autre partie érigeait au moins quatre barricades, près du musée des Abattoirs, à l'aide de barrières, de palissades et de palettes trouvées sur des chantiers à proximité, avant d'y mettre le feu.
Les forces de l'ordre, cibles de multiples projectiles, sont intervenues, mais continuaient à être mobilisées dans différents quartiers de Toulouse où des voitures ont été incendiées à la nuit tombée.
Le préfet de région Etienne Guyot a condamné "avec la plus grande fermeté" des "exactions inacceptables" commises par "plusieurs centaines de casseurs", "des actes particulièrement violents qui n'ont pour but que de détruire", selon un communiqué.
M. Moudenc a également condamné "les vitrines cassées, le mobilier urbain dégradé, les chantiers pillés" et s'est dit "inquiet" pour les commerçants du centre-ville et du marché de Noël, sur la place du Capitole, "à quinze jours de Noël".