"Gilets jaunes" à Bordeaux: des milliers de manifestants et des accrochages

Plusieurs milliers de "gilets jaunes" -- environ 5.000 selon l'AFP -- ont manifesté samedi à Bordeaux pour l'acte 11 du mouvement, une mobilisation toujours soutenue marquée à la tombée de la nuit par des accrochages, quoique moins intenses que les samedis précédents.

D'un côté jets de bouteilles, pétards, pavés, de quelques dizaines de manifestants souvent cagoulés et masqués, et de quelques "gilets jaunes", de l'autre des charges, lacrymogènes et canons à eau des forces de l'ordre, ont marqué la tombée de la nuit dans le centre-ville.

Quarante-neuf personnes ont été interpellées, selon la préfecture, au terme des accrochages, plutôt sporadiques. La place Pey-Berland, près de l'Hôtel de Ville, théâtre habituel de heurts plus ou moins intenses, a été dégagée par les forces de l'ordre en fin d'après-midi.

L'AFP sur place a vu un blessé transporté en ambulance, un autre pris en charge par des "street médics", et constaté de nombreuses interpellations. Comme d'habitude, des centaines d'autres personnes, en arrière-plan, observaient la scène, filmant, prenant des photos.

La préfecture de Gironde, pour la première fois depuis le début du mouvement des Gilets jaunes mi-novembre, s'est refusée à chiffrer la mobilisation, ou communiquer un nombre de blessés.

La semaine dernière, elle avait comptabilisé 4.000 manifestants, jusqu'à 6.000 il y a deux semaines.

En soirée vers 20H00, alors qu'une "Nocturne chez Juppé" avait été convoquée sur les réseaux sociaux, environ 200 personnes se sont rassemblées sur une grande place du centre-ville, autour d'une poubelle enflammée.

Après avoir joué au chat et à la souris dans quelques rues attenantes avec les forces de l'ordre, rapidement déployées en masse, les manifestants, réduits à quelques dizaines, étaient en cours de dispersion peu avant 21H00.

Jeudi, le maire Alain Juppé avait lancé un appel à la "raison" et au "dialogue" aux manifestants, en pointant les "conséquences désastreuses" pour la ville des heurts réguliers.

En début d'après-midi, plusieurs milliers de "gilets jaunes" -- environ 5.000 selon des estimations concordantes de l'AFP et des médias locaux -- avaient manifesté, une mobilisation toujours soutenue dans l'un des bastions de la protestation en France.

Ce samedi, les protestataires, scandant "Macron démission", sont partis de la place de la Bourse près de la Garonne. Précédés d'une centaine de motards, ils ont défilé derrière une immense banderole proclamant "En route pour un monde meilleur", alors que s'agitaient drapeaux tricolores et panneaux demandant le RIC (Référendum d'initiative citoyenne).

L'une des "vedettes" du mouvement, Maxime Nicolle, dit "Flyrider", avait fait le déplacement de Bordeaux. "A ceux qui disent que le mouvement s'essouffle, je dis regardez. Regardez ce qui se passe. On est au mois de janvier. On est toujours là. Et on sera là le temps qu'il faudra", a-t-il dit.

Les manifestants sont ensuite repartis pour le centre-ville où des accrochages ont démarré après au moins une heure de face à face tranquille, manifestants comme badauds semblant attendre le "show" à venir, selon le terme d'un "gilet jaune".

Sur le passage du cortège Rue Sainte-Catherine, une longue artère piétonne et commerçante, magasins et restaurants rangeaient à la hâte leur terrasses ou étals, à mesure qu'avançait une tête de cortège avec des jeunes au visage masqué. Une forme de service d'ordre informel de la manifestation, gilet jaune noué autour du bras, marchait au devant, incitant les commerces à fermer, sous le regard éberlué de piétons.

Ville et préfecture, excluant une "sécurisation" du centre-ville avec barrages, avaient appelé mercredi les manifestants à déclarer officiellement le cortège, afin de "pouvoir organiser et encadrer les rassemblements pour assurer la sécurité des manifestants et davantage interpeller les casseurs".