Gestion RN: culture, social et écologie confrontent leurs expériences de terrain

Réunis jeudi à Paris dans les locaux de l'ONG Greenpeace, des acteurs du monde de la culture, du social et de l'écologie ont partagé leurs expériences pour dresser un état des lieux critique de la gestion locale du Rassemblement national (RN), décrivant une stratégie "d'influence globale qui dépasse la simple gestion municipale".

Au cours de ces "discussions inter-associatives" visant à croiser les regards entre des secteurs "confrontés à des méthodes de gouvernance similaires", Aurélie Hannedouche, directrice du Syndicat des musiques actuelles (SMA), a évoqué "l'évolution historique du rapport de l'extrême droite à la culture".

Elle a rappelé l'épisode de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) en 1997 où "une salle de concert avait été murée", pour souligner "le changement de méthode opéré depuis".

Selon elle, la stratégie actuelle est devenue "plus insidieuse", privilégiant une apparence de dialogue avant d'imposer des décisions radicales.

Cette gestion administrative s'accompagne d'une "libération de la parole violente sur le terrain" à l'encontre des oeuvres abordant les questions "du genre ou de la migration", selon Lison Renard, chargée de plaidoyer du SMA.

Elle a cité l'exemple du spectacle pour jeune public "Fille ou garçon?", de l'artiste Marion Rouxin, lequel a été "saboté" à Nantes en avril 2023 par des militants qui ont "arraché le tableau électrique" en pleine représentation, plongeant la salle dans le noir.

Cette pression constante génère un risque majeur mis en lumière lors des échanges: "l'autocensure des programmateurs".

Aurélie Hannedouche a souligné que "la stratégie vise à pousser le secteur culturel à renoncer de lui-même à certaines propositions artistiques" par crainte de "perdre des subventions ou de devoir gérer des problèmes de sécurité".

Paul Alauzy, du collectif Le Revers (dont fait partie Médecins du Monde), a quant à lui pointé "une baisse des financements dans le secteur social", doublée parfois d'une "stigmatisation des bénéficiaires".

Sur le plan écologique et social, Sarah Fayolle, représentante de Greenpeace, a pointé des choix d'urbanisme et de vie quotidienne jugés "discriminants".

Elle a notamment mentionné "la fin de la gratuité de la cantine pour les plus précaires" dans certaines communes ou "l'artificialisation accélérée des sols", notamment à Fréjus (Var), marquant "une rupture avec les impératifs climatiques et de justice sociale".