Les gendarmes français dépêchés lundi en Ukraine ont pour mission première d'identifier les victimes et de déterminer les causes de leur mort, a expliqué à l'AFP le général Patrick Touron, commandant du pôle judiciaire de la gendarmerie.
"Cette équipe de seize gendarmes de l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) est essentiellement composée de spécialistes de l'identification, renforcés de deux balisticiens, d'un spécialiste en explosifs" et de deux médecins légistes, a détaillé le général.
Leur mission a une durée "indéterminée", mais des relèves sont d'ores et déjà prévues. "Dès mardi, ils seront à Kiev, lieu de leur mission pour l'instant", a poursuivi le général.
Ils y seront "encadrés par les forces de sécurité ukrainiennes" et travailleront avec leurs homologues ukrainiens.
"L'IRCGN est une des seules structures techniques en Europe capable de se projeter en deux heures sur un théâtre d'opérations", qu'il s'agisse d'un théâtre de guerre (au Mali notamment) ou d'une catastrophe naturelle (tsunami de décembre 2004), a fait valoir le général Touron.
Outre le laboratoire mobile destiné aux analyses ADN, l'équipe est partie avec sept véhicules, dont un camion transportant douze "chambres mortuaires à froid" pour conserver les corps autopsiés.
Elle est totalement autonome car dotée de moyens lui permettant d'être fournie en électricité notamment.
"Nous sommes là-bas pour les victimes, pour aider les familles à trouver leurs proches, examiner les corps pour déterminer les causes de la mort", a insisté le général, en soulignant qu'il s'agissait une coopération entre la France et l'Ukraine.
Par la suite, a-t-il dit, "une structure internationale sera mise en place à mesure que d'autres pays enverront sur place des équipes" pour participer aux identifications et à l'enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les "crimes de guerre" commis en Ukraine.
Dimanche, la justice ukrainienne a affirmé que 1.222 personnes avaient été tuées dans la région de Kiev depuis le début de l'invasion, sans préciser s'il s'agissait uniquement de civils.
Les images de vingt cadavres vêtus de vêtements civils dans une rue à Boutcha, dans le nord-ouest de Kiev, ont fait le tour du monde. Les autorités ukrainiennes ont dénoncé un "crime de guerre" de l'armée russe, que Moscou a aussitôt démenti.
Vendredi, le président Emmanuel Macron avait affirmé que la France était en train de "rassembler les preuves" contre "des crimes de guerre des Russes" en Ukraine et avait annoncé l'envoi de gendarmes et magistrats français dans le pays.