GE Hydro Grenoble: accords signés, une centaine d'emplois sauvés

Après 10 mois de lutte, blocages, manifestations et négociations, syndicats et direction de GE Hydro France ont signé mardi plusieurs accords, mettant un point final au conflit et sauvant une centaine d'emplois sur le site grenoblois de turbines hydroélectriques.

"Nous devions être 450 à rester selon le plan initial de juillet dernier; nous serons 550 l'an prochain", a déclaré à l'AFP Nadine Boux, porte-parole de l'intersyndicale (CFE-CGC, CFDT, CGT).

Ce site centenaire, anciennement Alstom, employait jusqu'alors 800 salariés.

L'accord "principal", selon les syndicats, est celui améliorant les conditions de départ des salariés qui quitteront la société, soit volontairement, soit de manière contrainte.

"Cela va permettre d'augmenter le nombre de départs volontaires en les rendant plus attractifs, diminuant d'autant les départs forcés", car, globalement, "la direction veut 293 départs, à comparer aux 345 du chiffre initial", a souligné Georges Beciu, délégué syndical central CFE-CGC.

Par ailleurs, "une vingtaine de postes vont être créés et ouverts en octobre", a indiqué à l'AFP la direction. "Quarante postes actuellement vacants seront ouverts aux redéploiements et permettront au moins une trentaine de reclassements".

Un accord "assez original", demandé et obtenu par les syndicats en mars, qui permet à un salarié de suspendre son contrat avec GE pour aller tester un poste dans une autre société avant de démissionner (ou de revenir), est prolongé. Les dossiers doivent être déposés avant le 5 juin.

Enfin, un "accord d'actions de progrès" vise à "l'amélioration des outils et des conditions de travail en simplifiant les procédures et en responsabilisant les gens", selon Nadine Boux, qui rappelle les différentes expertises sociales ayant mis en exergue des lourdeurs importantes et une souffrance au travail.

- retrouver la compétitivité -

Les trois syndicats, restés unis durant tout le conflit, se sont engagés à ne pas contester devant la justice ce nouveau plan de sauvegarde de l'emploi.

La dernière version avait été recalée par l'administration en janvier, obligeant la direction à revoir sa copie. Vu le climat de défiance qui régnait, le dernier tour de négociations enclenché en avril a été mené par une nouvelle équipe côté direction.

Cette dernière s'est félicitée de cette "étape importante dans le processus de transformation globale qu'a initié l'activité hydro" du conglomérat industriel américain en pleine restructuration - 12.000 suppressions d'emploi à travers le monde au sein de la branche Energie (GE Power) ont été annoncées en décembre.

"La nouvelle organisation va permettre à l'activité de retrouver de la compétitivité sur le secteur très concurrentiel de l'hydroélectricité, et de renouer ainsi avec la croissance", a affirmé la direction.

Selon elle, "Grenoble jouera un rôle central: le site accueillera les sièges mondiaux de l'ingénierie, la technologie, l'approvisionnement ainsi que de la gestion de produits" et "restera le siège des activités en Europe (ventes, gestion de projet, installation de sites et services).

Chez les syndicats, nulle satisfaction devant ces accords: "On a signé parce qu'il fallait mettre un terme à la souffrance des salariés et leur donner des perspectives".

- Contentieux avec l'Etat -

Sur le fond, ils contestent toujours le bien fondé économique du PSE. "Les raisons invoquées sont purement financières. La perte de notre industrie et de telles compétences nous chagrine", a souligné Mme Boux.

Si l'arrêt des hostilités est signé avec GE, ce n'est pas le cas pour le contentieux avec le gouvernement, dont les salariés n'ont eu de cesse de déplorer le "silence assourdissant" sur un dossier touchant à la fois à la souveraineté énergétique et à la transition écologique.

Une plainte contre X déposée en mars pour "détournement de bien public par négligence" a été classée sans suite par le parquet national financier, tout comme celle de l'association Anticor. Mais une nouvelle plainte avec constitution de partie civile - afin qu'un juge d'instruction soit désigné malgré l'opposition du parquet - est en cours de rédaction.

Les syndicats estiment que la renonciation de l'Etat à exercer son droit d'achat sur les titres Alstom qui lui avaient été prêtés par Bouygues doit conduire à l'ouverture d'une enquête pénale.

sla/fga/swi

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