Le terminal méthanier flottant du Havre opéré par TotalEnergies et autorisé par le gouvernement pour sécuriser l'approvisionnement en gaz de la France est sous-utilisé depuis sa mise en service en octobre 2023, affirme vendredi Greenpeace.
L'infrastructure qui permet d'importer du gaz liquéfié (GNL) par voie maritime a été utilisé à 36,77% de ses capacités durant cet hiver, du 13 décembre au 12 mars, affirme Greenpeace sur la base des données de la plateforme européenne Gas Infrastructure Europe rapportées depuis le 13 décembre.
Ce taux s'est établi à 79,56% sur la période du 13 au 31 décembre avant de décliner les mois suivants, selon des chiffres communiqués à l'AFP. Entre le 13 décembre et le 31 janvier, il était retombé à 48,76% puis à 43,49% au 10 février.
"Ces données remettent à nouveau en question l'utilité réelle du terminal méthanier du Havre, mis en place à l'automne suite au lobbying de TotalEnergies", déclare l'ONG qui avait tenté d'empêcher en septembre l'arrivée du navire-usine, le Cape Ann, dans le port du Havre.
Greenpeace souligne en outre que les quatre terminaux de regazéification terrestres du territoire (Fos-Cavaou, Fos-Tonkin, Montoir-de-Bretagne et Dunkerque) ont tous connu une baisse d'activité en 2023 avec des taux d'utilisation allant de 52,64% à 71,6% selon les sites, en recul par rapport à l'année de la crise énergétique en 2022 (50,91% à 92,32%).
Pour l'association, le gouvernement a fait un "pari perdant" en autorisant la multinationale à installer ce terminal, alors que la consommation de gaz décline en France et en Europe. Le gouvernement avait invoqué une "mesure de précaution" au moment de la décision en 2022.
Tombée à son niveau le plus bas depuis les années 1990, la consommation de gaz en France a baissé de 11,4% en 2023 par rapport à 2022, ce qui a eu pour effet d'entraîner moins d'importations de gaz liquéfié (-15,1%) même si elles restent majoritaires dans l'approvisionnement du pays (59% des importations en 2023 contre 41% pour le gaz acheminé en gazoduc).
TotalEnergies soutient que les terminaux méthaniers sont nécessaires pour permettre à l'Europe d'importer du GNL en remplacement du gaz que la Russie n'envoie plus dans ses gazoducs depuis son invasion de l'Ukraine en février 2022. "C'est mieux pour le continent d'avoir un peu plus d'infrastructures (gazières) que pas assez", déclarait en janvier le PDG Patrick Pouyanné.
Le terminal a émis près de 5 térawattheures (TWh) de gaz au dernier trimestre 2023, soit moins de 1% des importations totales de gaz (GNL et gazoduc) sur l'année, selon le gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTgaz.
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