Future loi sur l'immigration: les députés étalent déjà leurs divergences

"Entraide" et "accueil digne" pour la gauche, "moins d'immigration" à droite, refus d'une "submersion" à l'extrême droite: chaque groupe politique a déroulé mardi ses positions, lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur une prochaine réforme du gouvernement.

- "Le chaos ou l'entraide", selon la gauche -

La présidente des députés La France insoumise Mathilde Panot a alerté sur un prochain "changement d'échelle" de l'immigration, du fait notamment du changement climatique, et appelé à "choisir le chaos ou l'entraide". "Traitez ces personnes avec dignité" et "cessez votre chasse sur les terres de l'extrême droite", a-t-elle lancé à l'exécutif.

"Tant de paroles ont alimenté ces dernières années (...) cette rhétorique mortifère, le laissez-mourir en mer", a insisté l'insoumise.

"Les murs administratifs que vous avez dressés n'arrêtent rien, ils enferment dans des situations de non-droit et dans des accueils indignes", a aussi accusé le patron du groupe socialiste Boris Vallaud. "Ayons de l'ambition et de l'humanité, comme nos voisins allemands ont été capables de le faire."

"Choisissons la confiance", a renchéri l'écologiste Benjamin Lucas, appelant à "régulariser ceux qui travaillent, cotisent", et à "casser les passeurs" en ouvrant "des voies d'accès légales" plutôt qu'en renforçant la "militarisation".

"Nous ne traversons pas une crise migratoire mais bien une crise de l'accueil", a jugé la communiste Elsa Faucillon, relevant qu'"aucun chiffre n'atteste d'une submersion migratoire". Elle a jugé "de mauvais augure" le choix du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de "citer Jacques Bainville", auteur nationaliste de l'Action française, dans son discours.

- LR appelle à sortir de l'ambiguïté -

"Vous voulez plus d'immigration en France, nous voulons moins d'immigration", a affirmé Pierre-Henri Dumont à l'adresse de l'exécutif, qu'il a accusé d'"incurie migratoire" et "d'abandon de la France".

"Si vous maintenez votre volonté de régulariser massivement les clandestins, nous voterons contre l'ensemble de votre futur projet de loi", a-t-il répété.

"Le +en même temps+ est impossible. Soit on encourage l'immigration clandestine soit on s'y oppose; l'encourager tout en disant s'y opposer, c'est l'encourager", a aussi martelé la présidente par intérim des Républicains Annie Genevard.

- Les indépendants de Liot vigilants -

Bertrand Pancher, "petit-fils de migrants italiens", en appelle à une politique "courageuse, juste et humaine". Il se veut vigilant sur des "garanties" autour du nouveau titre de séjour "métiers en tension", pour ne pas "laisser de côté" des travailleurs. Et pense que la généralisation du juge unique à la Cour nationale du droit d'asile ne va pas "dans le bon sens".

- "Un texte placebo" aux yeux du RN -

"Nous réclamons une grande loi de régulation de l'immigration, à l'image de ce qui se fait au Danemark", et non un "énième texte placebo" alors que "la situation migratoire est plus que jamais hors de contrôle", a lancé Marine Le Pen, rappelant son projet de référendum sur l'immigration lors de la campagne présidentielle.

"Nous refusons de voir le trafic des hommes légalisé, notre pays submergé", a prévenu la présidente du groupe Rassemblement national, estimant que les "métiers en tension" étaient un "prétexte" qui permettra "de nouvelles voies d'entrée frauduleuses, ou des régularisations massives"

"Tous les voyants sont au rouge, des départements comme la Seine-Saint-Denis sont en passe de devenir des zones étrangères", a-t-elle encore affirmé, sous les protestations des insoumis.

- "Humanité" et "fermeté", défend la majorité -

Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance, a renvoyé dos à dos ceux qui souhaitent une "forteresse" et pour qui "l'étranger est présumé délinquant", et ceux pour qui "la France serait la planche de salut du monde moderne".

La "procédure administrative" sur l'asile doit être "simplifiée", et la procédure juridictionnelle remise "à plat", selon elle, qui voit dans le nouveau titre de séjour "métiers en tension" une "réponse concrète à l'intégration".

Pour le groupe MoDem, Elodie Jacquier-Laforge a plaidé pour réduire "les délais de traitement de la demande d'asile" tout en organisant une "convergence européenne" en la matière. Elle a également demandé "des mesures volontaristes" sur l'apprentissage du français.

Chef de file du groupe Horizons, Laurent Marcangeli a martelé: "plus d'immigration choisie, moins d'immigration subie". Et d'ajouter: "Nous espérons profondément que l'équilibre entre humanité et fermeté n'occultera pas un certain nombre de questions essentielles telles que le renforcement du mécanisme de double-peine ou encore la question des mineurs non-accompagnés".